« Montre-nous, Seigneur, ta miséricorde », puisque nous sommes encore bien incapables de voir ta gloire. Que nous apparaissent la bonté et l’humanité du Sauveur, notre Dieu, pour nous rendre dignes et capables de voir apparaître la majesté et la divinité de Dieu, notre Créateur.
« Montre-nous, Seigneur, ta miséricorde » revêtue de notre misère, et, par un nouveau prodige de tendresse, faisant de la misère elle-même un remède pour les miséreux.
C’est à cette fin que l’art de la miséricorde mélangea la béatitude de Dieu et la misère de l’homme dans un unique Médiateur. De la sorte, par l’action de ce mystère d’unité dans la force de la résurrection, la béatitude allait absorber la misère, la vie engloutir la mort, et l’homme glorifié allait tout entier partager la nature divine.
La tendresse de Dieu a donc pris sur elle toutes les faiblesses de la chair auxquelles est soumise notre nature humaine depuis la chute, sauf le péché. Ainsi, elle n’a pas refusé les misères de l’enfance et n’a pas voulu entrer dans l’existence d’une autre manière que ne le comporte la condition commune. C’est pourquoi « un petit enfant nous est né ». Et le Dieu de majesté, s’anéantissant lui-même, s’est rendu semblable, non seulement au corps terrestre d’un mortel, mais encore à l’âge tendre et faible des enfants.
Ô sainte et douce enfance qui restitue à l’homme la véritable innocence. Par toi tout âge peut revenir à une bienheureuse enfance et devenir conforme à l’Enfant-Dieu, non par la petitesse des membres, mais par l’humilité du cœur et la douceur des mœurs. Pour te servir d’exemple, Dieu a voulu, alors qu’il était le plus grand de tous, devenir le plus humble et le plus petit de tous ! C’était peu pour lui de se rendre inférieur aux anges en prenant la condition de la nature mortelle : il a voulu encore se faire inférieur aux hommes en prenant l’âge et la faiblesse d’un enfant.
Qu’il y prête attention l’homme pieux et humble et qu’il s’en félicite.
Qu’il y prête attention l’homme impie et orgueilleux, et qu’il en soit confondu.
Qu’ils voient, dis-je, le Dieu immense devenu enfant, un tout-petit qu’il faut adorer. En cette première manifestation aux mortels, Dieu préfère se montrer sous les traits d’un petit enfant, apparaître plus aimable que redoutable. Ainsi, puisqu’il vient sauver et non juger, il montre pour l’instant ce qui pourrait susciter l’amour, et remet à plus tard ce qui pourrait inspirer la crainte.
Approchons-nous donc avec confiance du trône de sa grâce, nous qui ne pouvons même pas penser sans trembler au trône de sa gloire. Ici, rien de terrible ni de sévère à redouter. Au contraire tout est bonté et douceur pour t’inspirer confiance. Vraiment rien de plus facile à apaiser que le cœur de cet enfant : Il devance tes offrandes de paix et de satisfaction, et le premier, t’envoie des messagers de paix pour t’encourager, toi le coupable, à consentir à une réconciliation. Il te suffit de le vouloir, et de le vouloir vraiment et parfaitement. Non seulement il t’accordera son pardon, mais il te comblera de sa grâce. Bien plus, estimant que ce n’est pas là un gain médiocre que d’avoir retrouvé la brebis perdue, il célébrera une fête avec ses anges.
Bienheureux Guerric d’Igny – Sermon 1 sur la
Nativité de Notre Seigneur – 1, 2, 3
http://abbayenotredamedelapaix.fr/2023/12/02/decembre-confiance/
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