Extrait du
premier sermon pour le jour de noël,
En troisième lieu, l'eau sert à l'arrosage, or ce dont les nouvelles plantations ont le plus besoin, c'est précisément d'être arrosées, car faute d'eau, où elles languissent, ou même elles périssent tout à fait de sécheresse.
Que ceux donc qui ont semé la semence des bonnes oeuvres puisent de l'eau de la dévotion, s'ils veulent que leur jardin de la bonne vie, arrosé des eaux de la grâce, se fasse remarquer par sa verdure continuelle, au lieu d'être brûlé par la sécheresse. C'est pour eux que le Prophète fait cette prière : « Que votre holocauste soit gras», Psal. XIX, 4. De même, c'est à la louange d'Aaron que nous voyons écrit dans les saintes Lettres, que le feu dévorait tous les jours son sacrifice. Or, toutes ces expressions ne signifient pas autre chose, sinon que toutes nos bonnes oeuvres doivent être assaisonnées d'une dévotion pleine de ferveur, et de la douceur de la grâce spirituelle.
Pourrons-nous trouver la quatrième fontaine qui nous rendra ce paradis charmant que quatre sources arrosaient? Car, si nous avons perdu tout espoir de recouvrer le paradis de la terre, comment pourrions-nous conserver l'espérance de posséder celui du ciel ? «En effet, si vous ne me croyez pas, est-il dit, lorsque je vous parle des choses de la terre, comment me croirez-vous quand je vous parlerai de celles du ciel», Joan. III,12. Or, puisque la vue des choses présentes vous fait espérer plus fermement les choses futures, nous avons un paradis bien meilleur et bien plus agréable que celui de nos premiers parents ; car notre paradis à nous, c'est notre Seigneur Jésus-Christ.
Nous avons déjà trouvé trois fontaines en lui ; cherchons quelle est la quatrième
Nous avons la fontaine de la miséricorde, dont les eaux de pardon lavent nos souillures; nous avons celle de la sagesse, dont les eaux de discrétion servent à étancher notre soif ; nous avons enfin celle de la grâce, dont les eaux de dévotion arrosent les plantes de nos bonnes oeuvres : cherchons maintenant de l'eau bouillante, les eaux du zèle, pour faire cuire nos aliments. Ce sont, en effet, les eaux bouillantes de la charité qui font cuire et assaisonnent nos affections. Voilà pourquoi le Prophète disait : « Mon coeur s'est échauffé au dedans de moi, et tandis que j'étais en méditation, il était embrasé par le feu», Psal. XXXVIII, 4. Et encore : « Le zèle de votre demeure me consume», Psal. LX, 10. En effet, quiconque est amené par la douceur de la dévotion à l'amour de la justice, est conduit par la ferveur de la charité à la haine de l'iniquité. Ne pensez-vous point que c'est de ces fontaines que parlait le Prophète quand il disait : « Vous puiserez de l'eau avec joie aux fontaines du Sauveur», Isa. XII,3 ? Si vous voulez vous convaincre qu'en cet endroit ses promesses ont rapport à la vie présente, non point à la vie future, veuillez remarquer la suite de son discours : « Et pleins de joie, dit-il, vous vous écrierez alors, chantez les louanges du Seigneur, et invoquez son nom», Isa. XII,4. En effet, l'invocation n'a rapport qu'au temps présent, selon ce qui est écrit : « Invoquez-moi au jour de la tribulation», Psal. XLIX, 15.
… Quant à nous, ce qui nous importe le plus, c'est de faire toutes nos actions en esprit de joie : «Car Dieu aime celui qui donne avec joie », II Cor. IX, 7. Or, la terre où nous vivons est loin d'être fertile en cette sorte de moisson qu'on appelle une bonne vie ; aussi se dessèche-t-elle bien vite, si on ne l'arrose souvent. Voilà pourquoi, dans l'oraison dominicale, nous demandons cette grâce, sous le nom de notre pain quotidien. Et nous avons bien raison de le faire, si nous voulons échapper à cette terrible imprécation du Prophète «Qu'ils deviennent semblables à l'herbe qui pousse sur les toits et qui se sèche avant qu'on l'arrache», Psal. CXXVIII,6. Mais la fontaine du zèle convient plus particulièrement à Noé, parce que c'est aux prélats surtout qu'il appartient d'avoir du zèle.
http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/bernard
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