Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 20,27-38
Des sadducéens - ceux qui prétendent qu'il n'y a pas de résurrection - vinrent trouver Jésus, et ils l'interrogèrent : "Maître, Moïse nous a donné cette loi : Si un homme a un frère marié mais qui meurt sans enfant, qu'il épouse la veuve pour donner une descendance à son frère."
Quand notre Seigneur et Maître répondit aux sadducéens qui niaient la résurrection et, à cause de cela, méprisaient Dieu et ridiculisaient la Loi, il a tout à la fois prouvé la résurrection et fait connaître Dieu : Au sujet de la résurrection des morts, n'avez-vous pas lu ce que Dieu vous a dit : Moi, je suis le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac, le Dieu de Jacob, Mt 22,31-32 ? Et il ajoute : Il n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants, Mt 22,32 Lc 20,38. Par là il a fait connaître clairement que celui qui, du sein du buisson, parla à Moïse et déclara être le Dieu des pères, c'est lui le Dieu des vivants. Or qui donc serait le Dieu des vivants, sinon le vrai Dieu, au-dessus duquel il n'y a pas d'autre Dieu ? C'est lui qu'avait annoncé le prophète Daniel. A Cyrus, le roi des Perses, qui lui demandait : Pourquoi n'adores-tu pas Bel ?, celui-ci répondait : Parce que je ne vénère pas des idoles faites de main d'homme, mais le Dieu vivant qui a créé le ciel et la terre et qui a pouvoir sur toute chair, Da 14,5. Il disait encore : J'adorerai le Seigneur, mon Dieu, parce que c'est lui le Dieu vivant, Da 14,25.
Ainsi le Dieu qu'adoraient les prophètes, le Dieu vivant, c'est lui le Dieu des vivants, ainsi que son Verbe, qui a parlé à Moïse, qui a aussi confondu les sadducéens et accordé la résurrection ; à partir de la Loi, il a démontré à ces aveugles deux choses : la résurrection et Dieu. Car s'il n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants, et si lui-même est appelé le Dieu des pères qui se sont endormis, sans aucun doute ils sont vivants pour Dieu et n'ont pas péri, puisqu'ils sont fils de la résurrection, Lc 20,36.
Or la résurrection, c'est notre Seigneur en personne, ainsi qu'il le dit lui-même : Je suis la résurrection et la vie, Jn 11,25. Et les pères sont ses fils, car il a été dit par le prophète : Au lieu de pères qu'ils étaient, ils sont devenus tes fils (d'après Ps 44,17). Le Christ lui-même est donc bien, avec le Père, le Dieu des vivants qui a parlé à Moïse et qui s'est manifesté aux pères.
C'est précisément ce qu'il enseignait, lorsqu'il disait aux Juifs : Abraham votre père a tressailli d'allégresse dans l'espoir de voir mon Jour. Il l'a vu, et il a été dans la joie, Jn 8,56. Qu'est-ce à dire ? Abraham eut foi en Dieu, et de ce fait, Dieu estima qu'il était juste, Rm 4,3 Ga 3,6 ; cf. Gn 15,6. Il crut, en premier lieu, que c'était lui l'Auteur du ciel et de la terre, le seul Dieu, Gn 14,22 ; ensuite, qu'il rendrait sa postérité pareille aux étoiles du ciel, Gn 15,5. C'est le mot même de Paul : Vous brillez comme des astres dans l'univers, Ph 2,15.
C'est donc à juste titre que, laissant là toute sa parenté terrestre, il suivait le Verbe de Dieu, se faisant étranger avec le Verbe afin de devenir concitoyen du Verbe, Gn 12,1-5. C'est à juste titre aussi que les Apôtres, ces descendants d'Abraham, laissant là leur barque et leur père, suivaient le Verbe Mt 4,22. C'est à juste titre enfin que nous, qui avons la même foi qu'Abraham, prenant notre croix comme Isaac prit le bois, Gn 22,6, nous suivons ce même Verbe. Car, en Abraham, l'homme avait appris par avance et s'était accoutumé à suivre le Verbe de Dieu.
Contre les hérésies, 4, 5, 2-4 ; d'après la traduction d'A. Rousseau, Paris, Cerf, 1984, 416-417.
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