9 février 1881
Lettre au Père Picard.
Isabelle Comtesse d’Ursel est veuve, elle a 32 ans.
Tout doit prier en moi
Pendant un certain temps Dieu, compatissant à notre faiblesse, se contente dans l'oraison d'écarter un à un tous les obstacles. Il coupe, il arrache, il détruit. Il met à ce travail une adorable patience ! Il ne se contente pas d'arracher et de détruire, car à travers les débris de ce qu'Il renverse, il laisse pénétrer dans l'âme les rayons de sa lumière divine, rayons de consolation, rayons de force, rayons de lumières.
Comment toutefois est-il possible qu'il arrive un moment dans la vie d'oraison où Dieu veuille nous trouver en quelque sorte sinon parfaits, du moins sans obstacle à sa grâce ? Cela paraît un non-sens et presque une injustice en égard à notre imperfection et à l'histoire du juste qui tombe sept fois par jour…
Aussi Dieu ne nous demande-t-il pas cela. Il sait mieux que nous ne le savons nous-mêmes que nous sommes beaucoup tombés, que nous tomberons encore, que nous laisserons envahir notre âme par mille imperfections - mais ce qu'il veut d'une âme d'oraison - c'est qu’elle soit habituellement, dans les moindres circonstances de la vie, si souple dans sa main, qu'une pensée, qu'un remords et que, plus encore, une parole de l'obéissance, la ramène dans le bon chemin et qu'elle n'ait pas besoin de toute la pression de l'oraison pour l'éclairer, pour la soumettre.
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