Extrait du Sermon 37 de Césaire d'Arles
pour le Carême
On ne nous dit pas : Allez vers
l'Orient pour chercher la charité, naviguez vers l'Occident pour trouver
l'amour de Dieu. Non, c'est à l'intérieur, dans notre cœur - dont nous avons
constamment à chasser la colère - qu'il nous est ordonné de rentrer ; comme le
dit le prophète : Pécheurs, revenez, à votre cœur. Je viens de le dire ; ce
n'est pas dans les régions lointaines qu'on trouve ce que le Seigneur demande
de nous : c'est à l'intérieur de notre cœur qu'il nous envoie. Il a en effet
placé en nous ce qu'il requiert de nous.
Dieu te dit : ce n'est pas moi qui tire
de toi ma croissance, mais toi de moi. Je veux un sacrifice qui soit utile à
l'homme, et s'il me parvient c'est parce qu'il t'est utile. Tu peux me dire :
Je n'ai rien à donner à l'indigent, je ne peux pas jeûner fréquemment et
m'abstenir de vin ou de viandes. Mais peux-tu me dire que tu ne peux avoir la
charité ? Elle qu'on possède d'autant plus pleinement qu'on la dispense
totalement.
De meilleur marché qu'un verre d'eau
froide, il n'y a que la bonne volonté... Mais peut-être ai-je tort de dire que
la bonne volonté est ce qu'il y a de meilleur marché ? Oui, car elle est plus
chère que tout et il a tout, celui qui a la bonne volonté. La bonne volonté, en
effet, s'appelle charité.
Remarquez, frères, que l'aumône de la
charité, sans être accompagnée de dons matériels, peut se suffire à elle-même,
tandis qu'un don matériel qui n'émane pas d'un cœur bienveillant n'a pas de
valeur. Ainsi, comme vous le voyez vous-mêmes, frères très aimés, pour la
rémission de tous nos péchés, si l'on ne possède pas de biens terrestres, la
charité et l'amour des ennemis sont plus que suffisants ; et à cet égard, nous
n'aurons aucune excuse, au jour du jugement : personne ne pourra dire qu'il n'a
pas eu de quoi racheter ses péchés.
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