jeudi 28 mars 2024

Saint Augustin, 5ème siècle, Le christ vainqueur de la mort, sermon 146

 


Le Christ vainqueur de la mort.

Aujourd'hui le ciel exulte et la terre se réjouit, car en ce jour où nous sommes, la lumière a jailli plus brillamment à partir du sépulcre qu'elle n'a resplendi à partir du soleil. De même qu'avant de naître à notre humanité, notre Seigneur et Sauveur a éclairé le monde, de même, aujourd'hui où il est mort corporellement, il a éclairé les enfers à la fois par la puissance de sa divinité, et par son âme humaine.

Aujourd'hui, à la visite du Seigneur, les enfers ont dansé de joie parce que s'est accompli l'oracle prophétique. « Le peuple qui marchait dans les ténèbres », c'est-à-dire tout le genre humain plongé dans l'obscurité des enfers, « a vu se lever une grande lumière », Is 9,1.Parce que celui-là même qui créa l'homme, c'est lui en personne qui est allé le chercher dans les enfers et l'en a délivré par sa puissance. Étonnante et inexprimable bonté de notre Dieu ! La mort avait pris d'assaut le paradis, mais la vie a terrassé les enfers ; et le Fils de Dieu, qui avait revêtu la condition mortelle, a écrasé la loi de la mort, accomplissant ainsi l'affirmation du prophète : « O mort, je serai ta mort », Os 13,14. Parce que ceux que tu as fait mourir par le péché, moi, par ma mort, je les rassemblerai hors de ce lieu de ruine éternelle et je les délivrerai de la mort perpétuelle.

Voilà de quels liens est ligoté et immobilisé ce qui fait la perte des hommes; car, de même que la mort a trompé, elle a été trompée; alors qu'elle tuait, elle a été anéantie.

Le Seigneur, quand son corps fut enseveli, descendit donc tout au fond des demeures infernales. Mais alors qu'on le jugeait captif du séjour des morts, c'est là qu'ayant lié la mort, il a délivré les morts de leurs liens. Et de ce séjour, d'où jamais personne, même seul, n'était revenu, il pénétra dans les cieux en emportant de riches dépouilles. Voilà tout ce qu'a fait l'immense bonté de Dieu pour notre salut et notre rétablissement. Pour nous, « il a été pareil à une brebis conduite à l'abattoir », Is 53,7. Pour nous, il a subi les maux présents, afin de nous accorder les biens éternels.

    Sélection soeur Monique-Anne GIROUX, Les chemins de la grâce, T 2, 237.

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