Évangile
de Jésus Christ selon saint Jean 12,20-33
Parmi
les Grecs qui étaient montés à Jérusalem pour adorer Dieu durant
la Pâque, quelques-uns abordèrent Philippe, qui était de Bethsaïde
en Galilée. Ils lui firent cette demande :
"Nous voulons voir
Jésus."
I
Le
Christ, comme prémices de la nouvelle création, a évité la
malédiction de la Loi, mais par le fait même qu'il devenait
malédiction pour nous. Il a échappé aux puissances de la
corruption devenant par lui-même libre
parmi les morts,
Ps
87,6.
Après avoir terrassé la mort, il est ressuscité, puis il est monté
vers le Père comme une offrande magnifique et resplendissante, comme
les prémices, en quelque sorte, de la race humaine rénovée,
incorruptible.
Comme
dit l'Écriture : Ce
n'est pas dans un sanctuaire construit par les hommes, qui ne peut
être qu'une copie du sanctuaire véritable, que le Christ est entré,
mais dans le ciel même, afin de se tenir maintenant pour nous devant
la face de Dieu,
He
9,24.
Il
est pain qui donne la vie et qui est venu du ciel. En s'offrant
lui-même à Dieu le Père à cause de nous comme un sacrifice
d'agréable odeur, il remet aux pauvres hommes leurs péchés et les
délivre de leurs erreurs. Vous comprendrez bien cela en le
comparant, par le regard spirituel, au jeune taureau muselé, et au
bouc égorgé pour les erreurs du peuple. Il a donné sa vie afin
d'effacer le péché du monde.
C'est
pourquoi, de même que sous le pain nous voyons le Christ comme la
vie et celui qui donne vie, sous le symbole du jeune taureau nous le
voyons comme immolé, s'offrant à Dieu en sacrifice d'agréable
odeur, et sous le symbole du bouc comme devenu
péché pour nous
2
Co 5,21
et
offert pour nos péchés. On pourrait encore le considérer sous le
symbole de la gerbe. Qu'est-ce que ce signe représente ? Je vais le
dire rapidement.
On
peut comparer le genre humain aux épis d'un champ. Ils naissent de
la terre, ils attendent d'avoir obtenu toute leur croissance et, au
moment voulu, ils sont fauchés par la mort. C'est ainsi que le
Christ disait à ses disciples : Ne
dites-vous pas: Encore quatre mois et ce sera la moisson ? Et moi je
vous dis : Levez les yeux et regardez les champs qui se dorent pour
la moisson. Dès maintenant le moissonneur reçoit son salaire: il
récolte du fruit pour la vie éternelle,
Jn
4,35-36.
Or
le Christ est né parmi nous, il est né de la Vierge sainte comme
les épis sortent de la terre. Parfois d'ailleurs il se nomme
lui-même le grain de blé: Amen,
Amen je
vous le dis : si le grain tombé en terre ne meurt pas, il reste seul
; mais s'il meurt, il donne beaucoup de fruit,
Jn
12,24
. Ainsi
s'est- il offert pour nous à son Père, à la manière d'une gerbe
et comme les prémices de la
terre. Car l'épi de blé, comme nous-mêmes d'ailleurs, ne peut être
considéré isolément. Nous le voyons dans une gerbe, formée de
nombreux épis d'une seule brassée. Car le Christ Jésus est unique,
mais il nous apparaît et il est réellement comme constituant une
brassée, en ce sens qu'il contient en lui tous les croyants,
évidemment dans une union spirituelle. Sans cela, comment saint Paul
pourrait-il écrire : Avec
lui il nous a ressuscites, avec lui il nous a fait régner aux cieux,
Ep
2,6-7
?
En effet, puisqu'il est constitué par nous, nous ne faisons qu'un
seul corps avec lui
Ep
3,6
et nous avons acquis par la chair l'union avec lui. Car lui-même
adresse d'ailleurs ces paroles à Dieu le Père : Je
veux, Père, que, comme moi et toi ne faisons qu'un, eux aussi ne
fassent qu'un avec nous
Jn
17,21.
Commentaire
sur le Livre des Nombres,
livre
2, PG 69, 619-624
Clerus, homéliaire
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