vendredi 7 mai 2021

Joseph L'Hésyschaste, Aimez, comme je vous aimés

 Saint Jean 15,9-17

Sollicité par ton ardente foi et piété, j’ai jugé bon, mon enfant, de t’écrire quelques mots sur l’amour, de ce que j’ai appris des bienheureux Pères qui m'ont précède et de la lecture des Ecritures. Mais étant donné le caractère sublime de ce charisme surnaturel, je suis saisi par la crainte de ne pouvoir terminer ce discours. Mais, d'autre part, réchauffé par l'espoir de tes saintes prières, j'en viens au sujet. Car comment pourrais-je, mon enfant, m'appuyer sur mes seules forces en parlant de ce grand charisme qui transcende mes forces ? Avec quels mots décrirais-je ce délice et cette nourriture supra-céleste des saints anges, des prophètes, des apôtres, des justes, des martyrs, des saints moines, et de toute  la liste de ceux qui sont inscrits dans les deux ?



Je dis la vérité, mon fils : même si j'étais assisté de toutes les langues des hommes issus d'Adam, même alors il me semble qu'il serait impossible d'être digne de célébrer l'amour comme il
convient.
Que pourrais-je dire qui en soit digne ? Aucune langue mortelle ne peut dire un tant soit peu quelque chose de l'amour, si Dieu, qui est la vérité même et l'amour, ne nous dispense d’énergie
de la parole, de la sagesse et de la connaissance. Car l'amour n'est rien d'autre que le Père et le Sauveur lui-même, notre doux Jésus, avec le divin Esprit.

 

De nos jours, bien des personnes bonnes et vertueuses, qui mènent une vie effectivement droite et agréable à Dieu par leurs actions et leurs paroles, s'imaginent qu'elles ont atteint l'amour divin, grâce à l’oeuvre insignifiante de miséricorde et de compassion dont elles font preuve a l'égard de leur prochain. Mais ce n'est pas la vérité, car elles ne font qu'accomplir le commandement du Seigneur, lui qui a dit : « Aimez-vous les uns les autres. Celui qui garde ce précepte est certes digne de louanges, comme quelqu'un qui garde les divins préceptes, mais ce n'est certes pas la l'opération de l'amour divin. C'est une voie qui mime a la source, mais ce n'est pas la source. Ce sont des marches de I'escalier qui monte vers le palais, mais ce n'est pas même l'entrée du palais. C'est un vêtement royal, mais ce n'est pas le roi. C'est un commandement de Dieu, mais ce n'est pas Dieu.

C'est pourquoi, mon enfant bien-aimé, tu peux tenir cela pour certain : accomplir le commandement de l'amour par des oeuvres accomplies par amour fraternel, c'est une chose, mais l'opération de l'amour divin en est une autre. Tous les hommes peuvent, s'ils le veulent et en se forçant d’accomplir le précepte d'amour fraternel. Mais ce n'est pas le cas pour l'amour divin. L'amour divin, lui, ne résulte pas de nos ceuvres et ne dépend pas de notre vouloir ; il ne petit pas non plus se manifester si nous le voulons, quand nous voulons et comme nous voulons. Il dépend de la source de l'amour, qu'est notre très doux Jésus, qui nous le donne s’il le veut, comme il le veut et quand il le veut. 

In Letrres spirituelles, tage d'homme, Lausanne 2005, p. 265 s.

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