samedi 22 mars 2025

Pape François, homélie sur le figuier stérile Luc 13.1-9

3ème dimanche de carême saint Luc 13,1-9

Saint Augustin exprime dans une phrase admirable : 

« Ô arbre stérile, ne te moque donc pas si tu es épargné ; 

la hache a été éloignée de toi pour un moment, 

mais il ne faut pas que pour cela tu t’estimes à l’abri de tout danger ; 

elle reviendra et tu seras coupé. »




 « L’Évangile selon saint Luc 13, 1-9 nous parle de la miséricorde de Dieu et de notre conversion. Jésus raconte la parabole du figuier stérile. Un homme a planté un figuier dans sa vigne, et chaque été, avec beaucoup de confiance, il va chercher ses fruits mais n’en trouve pas, parce que cet arbre est stérile. Poussé par cette déception qui s’est répétée trois années de suite, il pense donc couper le figuier, pour en planter un autre. Il appelle alors le paysan qui se trouve dans cette vigne et lui exprime son insatisfaction, en lui enjoignant de couper l’arbre, afin qu’il n’épuise pas inutilement le sol. Mais le vigneron demande au maître d’être patient et de lui donner un délai d’un an, durant lequel il donnera lui-même des soins plus attentifs et délicats au figuier, pour stimuler sa productivité. C’est la parabole. Que représente cette parabole ? Que représentent les personnages de cette parabole ?

Le maître représente Dieu le Père et le vigneron est l’image de Jésus, tandis que le figuier est le symbole de l’humanité indifférente et desséchée. Jésus intercède auprès du Père en faveur de l’humanité — et Il le fait toujours - et Il le prie d’attendre et de lui accorder encore du temps, pour que puissent germer en elle les fruits de l’amour et de la justice.

Le figuier que le maître de la parabole veut arracher représente une existence stérile, incapable de donner, incapable de faire le bien. Il est le symbole de celui qui vit pour lui-même, rassasié et tranquille, bercé par son confort, incapable de tourner le regard et le cœur vers tous ceux qui sont à côté de lui et se trouvent dans des conditions de souffrance, de pauvreté, de malaise.
A cette attitude d’égoïsme et de stérilité spirituelle, s’oppose le grand Amour du Vigneron pour le figuier: Il fait attendre le maître, Il est patient, Il sait attendre, Il lui consacre son temps et son travail. Il promet au maître de prendre particulièrement soin de cet arbre malheureux. Et cette similitude avec le Vigneron manifeste la miséricorde de Dieu, qui nous laisse un temps pour la conversion.
Nous avons tous besoin de nous convertir, de faire un pas en avant, et la patience de Dieu, la miséricorde, nous accompagne. Malgré la stérilité, qui marque parfois notre existence, Dieu est patient et nous offre la possibilité de changer et de faire des progrès sur la route du bien.
Mais le délai imploré et accordé dans l’attente que l’arbre fructifie finalement, indique aussi l’urgence de la conversion. Le vigneron dit au maître : « Laisse-le encore cette année » .
Nous pouvons penser : qu’est-ce que je dois faire pour m’approcher davantage du Seigneur, pour me convertir, pour « couper » ces choses qui ne vont pas ? « Non, non, j’attendrai le prochain carême ». Mais seras-tu vivant au prochain carême ?
Réfléchissons aujourd’hui, chacun de nous ; que dois-je faire face à cette miséricorde de Dieu qui m’attend et qui pardonne toujours ? Que dois-je faire ? Nous pouvons avoir une grande confiance dans la miséricorde de Dieu, mais sans en abuser. Nous ne devons pas justifier la paresse spirituelle, mais augmenter notre engagement à répondre promptement à cette miséricorde avec un cœur sincère. (...)
Le Seigneur nous invite à la conversion.
Chacun de nous doit se sentir interpellé par cet appel, en corrigeant quelque chose dans sa vie, dans sa façon de penser, d’agir et de vivre ses relations avec son prochain. En même temps, nous devons imiter la patience de Dieu qui a confiance dans la capacité, pour tous, de pouvoir se « relever » et reprendre le chemin.
Dieu est Père et Il n’éteint pas la faible flamme, mais accompagne et prend soin de celui qui est faible afin qu’il se fortifie et qu’il apporte sa contribution d’amour à la communauté.
...
(Pape François
Angelus, Dimanche 24 mars 2019)
Évangile du jour « Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même » Lc 13, 1-9
23octobre2021 Lectures duj our Évangile messe Pape François
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samedi 15 mars 2025

Saint Cyrille d'Alexandrie + 444, Le Christ annnoncé par la Loi et les Prophètes


2e dimanche de carême C


Évangile de Jésus Christ selon
saint Luc 9,28-36

Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il alla sur la montagne pour prier. Pendant qu'il priait, son visage apparut tout autre, ses vêtements devinrent d'une blancheur éclatante.

 

 

 

 

Jésus gravit la montagne avec les trois disciples qu'il a choisis. Puis, il est transfiguré par une lumière éclatante et divine, au point que son vêtement semblait briller comme la lumière. Ensuite, Moïse et Élie, encadrant Jésus, parlaient entre eux de son départ qui devait s'accomplir à Jérusalem, c'est-à-dire du mystère de son Incarnation et de sa passion salvatrice, qui devait se réaliser sur la croix. Car il est vrai que la loi de Moïse et la prédication des prophètes avaient montré à l'avance le mystère du Christ. Sans doute la Loi décrivait cela comme sur un tableau, mais par des reflets et des esquisses ; quant aux prophètes, ils le prédisaient sous des formes fragmentaires et variées, He 1,1, annonçant que nous verrions à découvert, le moment venu : qu'il ne refuserait pas de souffrir la mort sur le gibet, pour le salut et la vie de tous.

Quant à cette présence de Moïse et d'Élie et à leur entretien, ils avaient pour but de montrer que la Loi et les prophètes formaient comme l'escorte de notre Seigneur Jésus Christ, le Seigneur qu'ils avaient montré par des indications concordantes. En effet, les annonces des prophètes ne contredisaient pas la Loi. Après être apparus, ils ne se taisaient pas, mais ils parlaient de la gloire dont le Seigneur allait être comblé à Jérusalem par sa passion et sa croix, et surtout par sa résurrection.

Peut-être le bienheureux Pierre, ayant cru que l'avènement du règne de Dieu était arrivé, a-t-il désiré demeurer sur la montagne, car il a dit qu'il fallait dresser trois tentes, ne sachant ce qu'il disait, Lc 9,33. Car ce n'était pas le temps de la fin du monde, et ce n'est pas dans le temps présent que les saints jouiront de l'espérance qui leur a été promise. Car saint Paul affirme : Il transfigurera nos pauvres corps à l'image de son corps de gloire, Ph 3,21, celui du Christ.

Puisque le plan de salut n'était pas encore achevé, n'étant qu'à son commencement, il n'était pas possible que le Christ, venu par amour dans le monde, renonce à vouloir souffrir pour lui. Car il a gardé la nature humaine pour subir la mort dans sa chair, et la détruire par sa résurrection d'entre les morts.

D'ailleurs, outre ce spectacle étonnant et mystérieux de la glorification du Christ, il s'est produit quelque chose de nécessaire pour confirmer la foi en lui, non chez les disciples seulement, mais aussi chez nous. Du haut du ciel se fit entendre la voix de Dieu le Père, qui disait : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis tout mon amour : écoutez-le, Mt 17,5 !

Homélie sur la Transfiguration, 9, PG 77, 1011-1014.

Clerus.org


mercredi 5 mars 2025

L'appel de la basse-cour, réflexion pour ce carême

 

L'appel de la basse-cour, réflexion pour ce carême




Une volée de canards sauvages se déplaçait en formation, gagnant le sud à l’occasion de l’hiver. Les canards sauvages formaient un superbe V dans le ciel. Ils étaient admirés par tous ceux qui les voyaient en levant le regard.



Un jour, Daffy, l’un des canards sauvages en formation, aperçut quelque chose au sol, qui l’intrigua. C’était une basse-cour avec toute une quantité de canards apprivoisés qui vivaient dans une ferme. Ils marchaient en se dandinant, émettaient leur coin-coin joyeusement et se nourrissaient du grain qui leur était distribué sur le sol chaque jour. Daffy fut séduit par ce qu’il voyait. « Ce serait agréable d’avoir ainsi des grains à sa disposition chaque jour, au lieu de se fatiguer comme nous le faisons. Et si j’allais me dandiner avec eux pendant un moment ».
 
 
 

Après avoir réfléchi, le canard sauvage finit par quitter la formation en V de ses congénères, fit un grand tour vers la gauche, et se dirigea vers la basse-cour. Comme les canards domestiques, il se dandina, couina, et mangea les grains sur le sol. Les canards sauvages continuaient leur course vers le sud ; mais Daffy ne s’en souciait pas, trop content d’avoir ainsi de la nourriture facile. « Je les rejoindrai quand ils repasseront en sens inverse pour aller vers le nord », se dit-il.

Plusieurs mois plus tard, c’est ce qui arriva. Les canards sauvages en formation, en V, passaient au-dessus de la basse-cour pour regagner le nord. Ils étaient toujours aussi beaux à voir. Daffy les vit ; il était d’ailleurs fatigué de la vie en basse-cour. « C’est le moment de partir », se dit-il.

Daffy secoua ses ailes de toutes ses forces pour rejoindre les canards sauvages. Mais il avait pris du poids à force de manger des grains sur le sol ; et il n’avait pas exercé ses ailes depuis des lustres. Ayant avec peine rejoint le groupe en formation, il n’arriva pas à les suivre. Le rythme était trop soutenu. Il abandonna et regagna la basse-cour, en se disant : « Je réessayerai dans quelques mois lorsqu’ils redescendront à nouveau vers le sud ».

Mais quelques mois plus tard, il fut encore moins capable de rejoindre ses congénères lorsqu’ils passèrent au-dessus de la basse-cour. Il n’avait simplement plus la force.

Tous les six mois, il vit alors passer au-dessus de sa tête ses anciens amis, sans se soucier vraiment de les rejoindre. Il ne les remarquait qu’à peine. Après tout, il était devenu un canard domestique.

Nous sommes parfois fatigués d’être des canards sauvages et il n’est pas toujours facile de nous discipliner pour voler dans les hauteurs. De la même manière, c’est quelque fois fatiguant et ce n’est pas toujours très simple de désirer suivre le Christ. Le malin  nous tente, et nous attire avec les « avantages » supposés de la basse-cour.


Regardez ce qui est arrivé à Daffy. Il croyait n’expérimenter la basse-cour que pendant un laps de temps limité. Mais il a été piégé de manière durable. Le péché est ainsi. C’est un piège, dont il n’est pas toujours facile de s’échapper…


Mais nous pouvons compter sur le Christ, sur sa victoire et sur son pardon !

blogperelhirondel.pelerin.info

conseils d'auteurs spirituels pour le carême, M.Anne Giroux, Or.A.

 https://www.bing.com/ck/a?!&&p=39206ea0a3a16fd4ebf5dafce53af20654b2c6679959c69096dd7d2254e99502JmltdHM9MTc0MTEzMjgwMA&ptn=3&ver=2&hsh=4&fclid=2921106e-61fc-6754-08bd-05e3604866a1&psq=youtube+orantes+de+l+assomption+conseils+spirituels+pour+le+careme&u=a1aHR0cHM6Ly93d3cueW91dHViZS5jb20vd2F0Y2g_dj1paXJzVFA3bjFBUQ&ntb=1

Saint Jean Chrysostome + 407, Le rôle des tentations

 

1er dimanche de carême C

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 4,1-13

Après son baptême, Jésus, rempli de l'Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain; il fut conduit par l'Esprit à travers le désert où, pendant quarante jours, il fut mis à l'épreuve par le démon.

 

 

Alors Jésus fut conduit au désert par l'Esprit pour être tenté par le démon, Mt 4,1. Que signifie cet "alors" ? Après la descente de L'Esprit Saint, après la voix venue d'en-haut et qui disait : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en lui j'ai mis tout mon amour, Mt 3,17. Le plus surprenant est cette affirmation de l'évangéliste : c'est le Saint-Esprit qui le conduisit en ce lieu ! En effet, tout ce que Jésus a fait et enduré était destiné à nous instruire. Il a donc voulu être conduit en ce lieu pour lutter avec le démon, afin que nul parmi les baptisés ne soit troublé s'il subit après son baptême de plus grandes tentations, comme si c'était extraordinaire ; mais il doit supporter tout cela comme étant dans l'ordre des choses. C'est pour cela que vous avez reçu des armes : non pour rester oisifs, mais pour combattre.

Voici pour quels motifs Dieu n'empêche pas les tentations qui vous surviennent. D'abord pour vous apprendre que vous êtes devenus beaucoup plus forts ; puis, afin que vous gardiez la mesure, au lieu de vous enorgueillir des grands dons que vous avez reçus, car les tentations ont le pouvoir de vous humilier. En outre, vous serez tentés afin que ce génie du mal, se demandant encore si vous avez vraiment renoncé à lui, soit convaincu, par l'expérience des tentations, que vous l'avez totalement abandonné. Quatrièmement, vous êtes tentés pour être entraînés à être plus forts et plus solides que l'acier. Cinquièmement, afin que vous ayez la certitude absolue que des trésors vous ont été confiés. Car le démon ne vous aurait pas assaillis, s'il n'avait pas vu que vous receviez un plus grand honneur.

Et remarquez en quel lieu l'Esprit Saint a conduit Jésus: non pas en ville, ni sur la place publique, mais au désert. Car, puisqu'il voulait attirer le démon, il a donné prise à celui-ci non seulement en ayant faim, mais aussi en venant en ce lieu. Le démon s'attaque surtout à ceux qu'il voit seuls et à l'écart. Lorsqu'il voit des gens rassemblés, il n'a plus la même audace, il perd confiance. Aussi faut-il surtout que nous soyons toujours ensemble, pour ne pas offrir une proie facile au démon. Celui-ci trouve donc Jésus dans le désert, et un désert inaccessible.

Voyez avec quelle ruse et quelle perversité le démon s'approche, et comme il saisit le bon moment ! Il n'aborde pas celui qui jeûne, mais celui qui a faim. Apprenez ainsi comme le jeûne est un grand bien, et l'arme la plus puissante contre le démon ; sachez qu'après le baptême il ne faut pas se livrer au luxe, à l'ivrognerie, aux repas plantureux, mais s'adonner au jeûne. C'est pour cela que Jésus lui-même a jeûné, non pas qu'il en eût besoin, mais afin de nous instruire.

Homélies sur Matthieu, 13, 1 ; PG 57, 207-209. Clerus.org




vendredi 28 février 2025

Saint Ephrem le Syrien, jeûne, charité et vérité

 

Saint Ephrem le Syrien, Jeûne, charité et vérité

Mercredi des cendres 5 mars 2025

Le Carême : un temps pour renouveler notre foi, notre espérance et notre charité

Can. 1252 - Sont tenus par la loi de l'abstinence, les fidèles qui ont quatorze ans révolus ; mais sont liés par la loi du jeûne tous les fidèles majeurs jusqu'à la soixantième année commencée.

L’Église catholique propose à ses fidèles de jeûner (de se passer d’un repas) le mercredi des cendres et le Vendredi saint, et de s’abstenir de viande les vendredis du carême. En nous privant du nécessaire, nous nous rappelons que Dieu nous est encore plus nécessaire. Le jeûne aide à acquérir la liberté du cœur.


Cela signifie que nous souhaitons ne pas être centrés sur nous-mêmes, sur nos désirs, sur nos besoins. Le jeûne nous aide ainsi à nous ouvrir à Dieu et aux autres, et par conséquent nous stimule dans la prière.


Pour une personne l'effort sera de prendre la parole pour entrer en relations avec ceux qu'elle rencontre.

Pour une autre, ce sera de se taire à différents moments.

Le choix de ce qui va aider à retrouver davantage l'union à Dieu est personnel à chacun selon ce qu'il est, ces difficultés et lacunes mais aussi parfois c'est une invitation à réguler un don trop généreux et désordonné qui empêche un temps d'oraison.



Jeûne, 
charité et vérité

Saint Éphrem le Syrien promet

du trente pour un au jeûne,

du soixante pour un à la charité

et du cent pour un à la seule vérité.

La charité rapproche de Dieu plus que le jeûne,

mais la charité elle-même est inférieure à la vérité,

parce que, sans la pureté de l’intention,

l’amour profond, le désintéressement et l’oubli de soi,

un geste de charité même matériellement très généreux,

peut être de faible prix aux yeux de Dieu.

Réfugiez-vous dans la vérité,

car c’est elle qui consolide vos remparts.

Pour saint Éphrem et les Pères du désert, la vérité recouvre la pureté de l’intention et implique la fidélité aux Paroles de Dieu. Ce que Dieu nous demande, c’est de croire aux divines Écritures et de pratiquer leurs paroles dans toute la mesure de nos forces.

 Saint Éphrem le Syrien, 4ème siècle. Originaire de Nisibe en syrie. Diacre et docteur de l’Église.       

Soeur Monique-Anne Giroux, Le chemin de la grâce, T 2, 182. Collection des ORANTES DE L ASSOMPTION

Vidéo sur le sens du carême réalisée par soeur Monique-Anne GIROUX sur Orantes de l'Assomption youtube

Saint Cyrille d'Alexandrie +444, Etre lucide à l'égard de soi-même


 


Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 6,39-45

Jésus s'adressait à la foule en paraboles : 

"Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? 

Ne tomberont-ils pas tous deux dans un trou ? 

Le disciple n'est pas au-dessus du maître ; 

mais celui qui est bien formé sera comme son maître."





Les bienheureux disciples étaient destinés à devenir les guides et les maîtres spirituels de la terre entière. Ils devaient donc faire preuve, plus que les autres, d'une éminente piété, être familiarisés avec la manière de vivre évangélique et entraînés à pratiquer toute oeuvre bonne. Ils auraient à transmettre à ceux qu'ils instruiraient la doctrine exacte, salutaire et strictement conforme à la vérité, après l'avoir d'abord contemplée eux-mêmes, et avoir laissé la lumière divine éclairer leur intelligence.

Sans quoi, ils seraient des aveugles conduisant d'autres aveugles. Car ceux qui sont plongés dans les ténèbres de l'ignorance ne peuvent pas conduire à la connaissance de la vérité les hommes souffrant de cette même ignorance. Le voudraient-ils d'ailleurs, qu'ils rouleraient tous ensemble dans l'abîme de leurs passions.

Aussi le Seigneur a-t-il voulu éteindre la passion ostentatoire de la vantardise que l'on trouve chez tant de gens, et les dissuader de rivaliser avec leurs maîtres pour les dépasser en estime. Il leur a dit: Le disciple n'est pas au-dessus de son maître, Lc 6,39. Même s'il arrive à certains d'atteindre un degré de vertu égal à celui de leurs maîtres, Ils se conformeront à la modestie dont ceux-ci font preuve, et ils les imiteront. Paul, à son tour, nous en donne la certitude quand il dit: Montrez-vous mes imitateurs, comme je le suis moi-même du Christ, 1 Co 11,1.

Eh bien, pourquoi juges-tu, alors que le Maître ne juge pas encore? Car il n'est pas venu juger le monde, mais lui faire grâce. Entendue dans le sens que je viens précisément d'indiquer, la parole du Christ devient : "Si je ne juge pas, ne juge pas non plus, toi qui es mon disciple. Il se peut que tu sois coupable de fautes plus graves que celui que tu juges. Quelle ne sera pas ta honte quand tu en prendras conscience! "

Le Seigneur nous donne le même enseignement dans une autre parabole où il dit : Qu'as-tu à regarder la paille dans l'oeil de ton frère, Lc 6,41 ? Il nous convainc par des arguments irréfutables de ne pas vouloir juger les autres, et de scruter plutôt nos coeurs. Ensuite il nous demande de chercher à nous libérer des passions qui y sont installées, en demandant cette grâce à Dieu. C'est lui, en effet, qui guérit ceux qui ont le coeur brisé et nous délivre de nos maladies spirituelles. Car si les péchés qui t'accablent sont plus grands et plus graves que ceux des autres, pourquoi leur fais-tu des reproches sans te soucier des tiens ?

Tous ceux qui veulent vivre avec piété, et surtout ceux qui ont charge d'instruire les autres, tireront donc nécessairement profit de ce précepte. S'ils sont vertueux et tempérants, donnant précisément par leurs actions l'exemple de la vie évangélique, ils reprendront avec douceur ceux qui ne se sont pas résolus à agir de même, leur remontrant qu'ils ne prennent pas pour modèles les manières de vivre conformes à la vertu des maîtres.

Commentaire sur l'évangile de Luc, 6; PG 72, 601-604