125ème anniversaire de la fondation, soeur Monique Anne Giroux

 

Prier avec Mère Isabelle, 

en obéissance, pauvreté et humilité.    

Isabelle de Clermont-Tonnerre est morte il y a cent ans, le 3 juillet 1921. C’est portée par une vie de prière intense, qu’elle a fondé, avec le Père François Picard, la congrégation des Orantes de l’Assomption.

 

 

Mère Isabelle a passé sa vie en France, puis en Belgique après son mariage avec le Comte Henri d’Ursel. Jeune fille, elle vit une relation toute simple avec le Christ. « Je sors de l’oraison avec une plus grande connaissance de moi-même et de mes fautes, et un plus grand désir de m’en corriger ». Hésitant entre la vie religieuse et le mariage, elle n’entre pas chez les Sœurs de Saint Vincent de Paul malgré son attrait pour les pauvres. Veuve après deux ans d’un mariage très heureux, elle désire dans l’instant consacrer sa vie à Dieu, mais elle doit d’abord élever sa fille Caroline qui a neuf mois. Sans attendre, le Seigneur reçoit le don de sa vie et ne la laissera jamais en douter. Elle n’entrera pas comme elle l’a envisagé chez les Dames de l’Assomption, mais finira par entrer dans l’inconnu dont elle a tellement peur.

Face à la société qui se détourne de Dieu après la Révolution française, le Père d’Alzon avait fondé les Adoratrices pour prier pour tous les membres et les œuvres de l’Assomption. Deuxième Supérieur général, le Père François Picard porte le même souci. Poussée par l’Esprit et dirigée par le Père Picard, la Comtesse d’Ursel ouvrira une voie nouvelle, celle d’une congrégation contemplative fondée en Assomption sur la pauvreté, dans le choix innovant à son époque de ne pas avoir de sœurs converses. Les Orantes vont prier pour tous les membres de l’Assomption et leurs œuvres.

Des grâces ordinaires

Le Père André Jaujou, Assomptionniste, nous dit que « dans beaucoup de communautés contemplatives, les charges matérielles pèsent surtout sur les sœurs converses. Votre congrégation vous oblige à ces actes, puisque vous n’avez pas d’autres personnes qui les fassent pour vous. Le Père François Picard a été poursuivi dans les pèlerinages par des personnes aux voies extraordinaires et il n’a jamais voulu s’en occuper. Il a voulu une contemplation plus basée sur la foi ; dans un surnaturel qui est celui de l’Église, avec des grâces ordinaires non sensibles qui viennent avec les contradictions. C’est à vous de faire que toute votre volonté soit à Dieu dans votre manière d’agir ».

Mère Isabelle remarque «que le chapitre de l'humilité où Saint Augustin traite des rapports des unes avec les autres, fait voir l'Esprit qui nous a guidées en ne voulant pas de sœurs converses, en voulant être égales les unes et les autres. Ne pas avoir de sœurs converses fait pratiquer toutes sortes de vertus, l'humilité, la charité, la mortification. Les sœurs qui n'aiment pas qu'on leur enseigne n'entrent pas dans cet esprit ».

Une vie intérieure riche

Notre Fondatrice aime beaucoup la liturgie en honneur à l’Assomption, et elle la promeut. Trois sœurs Orantes ont étudié le chant grégorien pour apprendre « à goûter la beauté du chant liturgique et à en comprendre la prière ». Elle aime la prière des psaumes et  interpelle parfois ses sœurs quand leur tenue laisse penser qu’elles la réduisent à une prière un peu machinale. Elle souffre quand des sœurs viennent lui demander, quand elle prie, une réponse qui pourrait attendre. Elle écrit à sa fille Caroline sa peine à ne pouvoir faire oraison les jours de fête quand l’animation des préparatifs ne porte pas au recueillement. Elle a toujours aimé la vie intérieure, même quand la présence de Dieu n’est plus sentie, dans l’aridité et la sècheresse.

Au temps du discernement de sa vocation, elle lisait des auteurs spirituels pour éclairer sa vie de prière. Elle a traduit avec son mari les Confessions de Saint Augustin du latin en français. Elle fait lire les Pères de l’Église en communauté, alternant les ouvrages de spiritualité avec des lectures plus faciles qui détendent l’esprit, pour que toutes ses sœurs, instruites ou non, nourrissent leur prière. Elles y trouveront aussi des sujets de conversation.

Une congrégation contemplative et apostolique

Mère Isabelle et ses sœurs sont toutes enthousiastes pour établir progressivement l’adoration de jour et de nuit. Notre Fondatrice remarque que « notre Congrégation sera contemplative et apostolique par l’ardeur et le zèle de la prière et de la donation de soi. Prière d’adoration, d’expiation, de réparation. Ce besoin de réparation est une des formes les plus fréquentes de la vie intérieure à notre époque qui est aussi celle de la dévotion au Sacré Cœur [XIXème siècle]. Quand Dieu développe une dévotion particulière à une époque donnée, cela dure un temps. Je crois que Dieu nous appelle à unir la vie intime de réparation et d’adoration, plus spéciale à notre époque de négation et de blasphèmes [la déchristianisation divise la société entre chrétiens et athées rationalistes], de l’unir à la vie liturgique plus spéciale aux grands ordres, selon cette prière du Père d’Alzon : - Je voudrais obtenir pour tous les religieux de l’Assomption l’amour le plus ardent pour l’Église et la résolution de s’offrir pour le bien des âmes et le règne de Notre Seigneur ».

La prière quotidienne de l’office, l’adoration du Saint Sacrement, la lecture, le travail matériel et la vie communautaire, la conduisent à livrer de plus en plus sa vie à Dieu. Elle découvre de nouveaux horizons intérieurs. « Notre Seigneur, son tabernacle, sa Croix, lui, ses mystères, lui Dieu et homme, avaient été mon terme. Mais je sentais en quelque sorte Dieu en trois personnes dans mon âme, l'infini de Dieu au plus profond de mon être, et je m'y sentais si perdue. Il y a au fond de l'âme cette habitation de Dieu dans son unité et sa Trinité, cette compréhension du rôle de Jésus priant en moi. Tout cela serait si beau, si ce n'était pas enveloppé de ce nuage de distractions, d'indifférence, d'ennui. C'est un mur qui s'élève entre moi et la Beauté. Il n'y a que la lumière de Dieu pour fondre cette glace, et cette lumière ne luit qu'à travers de longs jours de patience que je veux aussi longs que Dieu les voudra pour moi, n'ayant pas d'autre désir que de m'unir à lui et de lui donner des âmes. C’est  la mort qui nous affranchira de toutes les misères de l'esprit et du cœur, qui nous donnera Dieu le souverain bien, l'unique lumière ».

 Soeur Monique-Anne Giroux, in L'Assomption et ses oeuvres, octobre, novembre, décembre 2021.

Il faut creuser un chemin surnaturel dans nos âmes.

Quand on veut que l’eau coule vers un endroit défini, il faut creuser le sol pour lui donner un passage. De même, si nous voulons que nos pensées et nos aspirations soient transformées par la grâce, il faut creuser un chemin surnaturel dans nos âmes. Ayez à cœur de chercher Dieu véritablement ; ne vous laissez pas aller à de petits mécontentements et à des craintes, laissez-vous pénétrer de la présence de Dieu et abandonnez-vous à Lui comme à votre père. Si vous gardez des préoccupations, des désirs de paraître, de vous adonner davantage aux choses qui vous intéressent, alors vous ne creusez pas ce sentier qui doit vous conduire à l’union avec Dieu. 25 août 1917.

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