dimanche 18 juillet 2021

Saint Augustin, Homéliaire patristique 122

 

17e dimanche du temps ordinaire B

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  6,1-15

Jésus était passé de l'autre côté du lac de Tibériade (appelé aussi mer de Galilée). Une grande foule le suivait, parce qu'elle avait vu les signes qu'il accomplissait en guérissant les malades. Jésus gagna la montagne, et là, il s'assit avec ses disciples.

Dieu nous est connu par ses oeuvres

Homélie de saint Augustin (+ 430)




Les miracles accomplis par notre Seigneur Jésus Christ sont vraiment des oeuvres divines. Ils disposent l'intelligence humaine à connaître Dieu en partant de ce qui est visible, puisque nos yeux sont incapables de le voir en raison même de sa nature. En outre, les miracles que Dieu opère pour gouverner l'univers et organiser toute sa création ont tellement perdu de leur valeur à force de se répéter, que presque personne ne prend la peine de remarquer quelle oeuvre merveilleuse et étonnante il réalise dans n'importe quelle petite graine de semence.

C'est pourquoi il s'est réservé, dans sa bienveillance, d'accomplir au moment choisi certaines actions en dehors du cours habituel des choses et de l'ordre de la nature. Ainsi, ceux qui tiennent pour négligeables les merveilles de tous les jours, restent stupéfaits à la vue d'oeuvres qui sortent de l'ordinaire et cependant ne l'emportent pas sur celles-là. Gouverner l'univers est en vérité un miracle plus grand que de rassasier cinq mille hommes avec cinq pains ! Personne toutefois ne s'en étonne, alors que l'on s'extasie devant un miracle de moindre importance parce qu'il sort de l'ordinaire. Qui, en effet, nourrit aujourd'hui encore l'univers sinon celui qui, avec quelques grains, crée les moissons ?

Le Christ a donc fait ce que Dieu fait. Usant de son pouvoir de multiplier les moissons à partir de quelques grains, il a multiplié cinq pains dans ses mains. Car la puissance se trouvait entre les mains du Christ, et ces cinq pains étaient comme des semences que le Créateur de la terre multipliait sans même les confier à la terre.

Cette oeuvre a donc été placée sous les sens pour élever l'esprit, et elle s'est offerte aux regards pour exercer l'intelligence. Il nous est ainsi devenu possible d'admirer le Dieu invisible en considérant ses oeuvres visibles, Rm 1,20. Après avoir été éveillés à la foi et purifiés par elle, nous pouvons même désirer voir sans les yeux du corps l'Être invisible que nous connaissons à partir du visible. 

En effet, Jésus a fait ce miracle pour qu'il soit vu de ceux qui se trouvaient là, et ils l'ont mis par écrit pour que nous en ayons connaissance. Ce que les yeux ont fait pour eux, la foi le fait pour nous. Aussi bien, nous reconnaissons en notre âme ce que nos yeux n'ont pu voir et nous avons reçu un plus bel éloge, puisque c'est de nous qu'il a été dit : Heureux ceux qui croient sans avoir vu, Jn 20,29.
D'après l'évangile, les gens dirent, à la vue du signe qu'il venait d'opérer : Celui-ci est vraiment un prophète, Jn 6,14. Or, il était le Seigneur des prophètes, l'inspirateur des prophètes, le sanctificateur des prophètes. Mais il était aussi un prophète, comme cela avait été dit à Moïse : C'est un prophète comme toi que je leur susciterai, Dt 18,18.

Le Seigneur est prophète, il est la Parole de Dieu et, sans la Parole de Dieu, aucun prophète ne prophétise. La Parole de Dieu est avec les prophètes et la Parole de Dieu est prophète. Dans le passé, les hommes ont mérité d'avoir des prophètes inspirés et remplis de la Parole de Dieu , He 1,1 ; nous, nous avons mérité d'avoir pour prophète la Parole même de Dieu.

Commentaire sur l'évangile de Jean, 24, 1.6.7; CCL 36, 244.47.

http://www.clerus.org/bibliaclerusonline/pt/jzk.htm


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