samedi 23 novembre 2024

Guerric d'Igny, Préparez le chemin du Seigneur


 

1er dimanche de l'Avent  1er décembre 2024

St Luc 21,25-28,34-36


Abbé cistercien.

Sermon V pour l'Avent,

Lectionnaire, éditions du Cerf, 1994, p. 36-37. 

 

Préparez le chemin du Seigneur 



Le chemin du Seigneur, frères, qu'il nous est demandé de préparer se prépare en  marchant. On y marche dans la mesure où on le prépare. Même si vous vous êtes beaucoup avancés sur ce chemin, il vous reste toujours à le préparer, afin que, du point où vous êtes parvenus, vous soyez toujours tendus au-delà.  

Voilà  comment,  à  chaque  pas  que  vous  faites,  le  Seigneur  à  qui  vous préparez les voies vient au-devant de vous, toujours nouveau, toujours plus grand.  

Aussi est-ce avec raison que le juste prie ainsi : Enseigne-moi le chemin de tes volontés et je le chercherai toujours. On donne  à ce chemin le nom  de  vie  éternelle,  peut-être  parce  que  bien  que  la  providence ait examiné le chemin de chacun et lui ait fixé un terme jusqu'où il puisse aller, cependant la bonté de Celui vers lequel vous vous avancez n'a pas de terme. 

C’est pour vous faire miséricorde que le Seigneur attend ; bienheureux tous ceux qui l’attendent, Is  30,18.  Il ne faut pas que le délai imposé à l’espérance attiédisse notre foi ou bien rende inquiète notre patience, et  que  nous  devenions  alors  semblables  à  ceux  qui  croient  pour  un temps et qui se retirent au moment de la tentation. 

Que celui qui croira ne soit pas pressé, Is 28,16, de contempler l’objet de sa foi. Oui, attendre vraiment le Seigneur, c’est Lui conserver notre foi et,  quoique  privés  de  la  consolation  de  sa  présence,  ne  pas  suivre  le séducteur, mais demeurer  suspendu à son retour,  Os  11,7.  Cela signifie qu’étant  comme  entre  ciel  et  terre,  on  ne  peut  encore  atteindre  les biens célestes, sans pour autant vouloir toucher les choses de la terre. 

samedi 16 novembre 2024

Origène sur la prière, fête du Christ-roi

24 novembre 2024  

saint Jean 18, 33b-37
 Jésus répondit :
« C’est toi-même qui dis que je suis roi.
Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci :
rendre témoignage à la vérité.
Quiconque appartient à la vérité
écoute ma voix. »

 

TRAITE D'ORIGÉNE SUR LA PRIÈRE

« Que ton règne vienne »

Comme l'a dit notre Seigneur et Sauveur, le règne de Dieu vient sans qu'on puisse le remarquer. On ne dira pas : Le voilà, il est ici, ou bien : Il est là. Car voilà que le règne de Dieu est au-dedans de vous. Et en effet, elle est tout près de nous, cette Parole, elle est dans notre bouche et dans notre cœur. En ce cas, il est évident que celui qui prie pour que vienne le règne de Dieu a raison de prier pour que ce règne de Dieu germe, porte du fruit et s'accomplisse en lui. Chez tous les saints en lesquels Dieu règne et qui obéissent à ses lois spirituelles, il habite comme dans une cité bien organisée. Le Père est présent en lui et le Christ règne avec le Père dans cette âme parfaite, selon sa parole : Nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui. ~

Le règne de Dieu qui est en nous, alors que nous progressons toujours, parviendra à sa perfection lorsque la parole de l'Apôtre s'accomplira : le Christ, après avoir soumis ses ennemis, remettra son pouvoir royal à Dieu le Père afin que Dieu soit tout en tous. C'est pourquoi, priant sans cesse et avec des dispositions divinisées par le Verbe, nous disons : Notre Père qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton Règne vienne. 

À propos du règne de Dieu, il faut encore remarquer ceci : comme il n'y a pas d'union entre la justice et l'impiété, entre la lumière et les ténèbres, entre le Christ et Bélial, le règne du péché est inconciliable avec le règne de Dieu. Si donc nous voulons que Dieu règne sur nous, que jamais le péché ne règne dans notre corps mortel. Mais faisons mourir nos membres qui appartiennent à la terre, et portons les fruits de l'Esprit. Ainsi, comme dans un paradis spirituel, le Seigneur se promènera en nous, régnant seul sur nous, avec son Christ. Celui-ci trônera en nous, à la droite de la puissance spirituelle, que nous désirons recevoir, jusqu'à ce que tous ses ennemis qui sont en nous deviennent l'escabeau de ses pieds, et que soit chassée loin de nous toute principauté, puissance et souveraineté.

Tout cela peut arriver en chacun de nous jusqu'à ce que soit détruit le dernier ennemi, la mort, et que le Christ dise en nous : Mort, où est ton dard venimeux ? Enfer, où est ta victoire ? Dès maintenant donc, que ce qui est périssable en nous devienne saint et impérissable ; que ce qui est mortel après la destruction, revête l'immortalité du Père. Ainsi Dieu régnera sur nous et nous serons déjà dans le bonheur de la nouvelle naissance et de la résurrection.

AELF

Sainte Elisabeth de Hongrie, patronne de Mère Isabelle, 17 novembre 2023

 Isabelle est l'équivalent espagnol d'Elisabeth, un prénom qui signifie "Dieu est ma plénitude" ou "temple de Dieu", lire cette hostoire : Orantes de l'Assomption, Mémoires et fêtes, liturgie, p, 71.





En 1913-1914, Mère Isabelle lit
le journal dans le jardin
de la communauté
Rue Desbordes-Valmore, N° 11,
75016 PARIS









Notre âme a une histoire et cette histoire est faite de toutes les fluctuations de notre vie intérieure. L’effort nous est souvent recommandé ; néanmoins, sachez que la vie intérieure n’est pas une vie d’effort, mais une vie de simplicité (...). Parler à Dieu, penser à Dieu devrait être la respiration de notre âme, et nous devrions aller tout simplement à Dieu. En premier lieu, la vie intérieure est donc une vie de simplicité.

Ensuite, c’est une vie de fidélité parce que nous devons obéir aux moindres touches de la grâce. Dès que Dieu donne une lumière, il faut la suivre aussitôt ; si nous ne la suivons pas, il nous arrive ordinairement un grand détriment ; la lumière passe, elle est longtemps parfois avant de revenir, et quelque fois, elle ne revient pas. C’est une grâce perdue, un progrès que nous n’avons pas accompli, que nous n’accomplirons jamais (...).

Il faut avoir l’ouïe fine pour écouter le Saint Esprit. La condition pour le bien écouter, c’est de songer à cette purification de l’âme que Dieu poursuit par tous les moyens. Les sacrements sont des moyens, les sacramentaux aussi, comme l’eau bénite, le signe de la croix, etc, qui peuvent effacer nos fautes, nos infidélités. Ayons toujours cette pensée de nous purifier, sans y mettre de scrupule, mais en ôtant de nous tout ce qui serait un obstacle au passage de la lumière.

(...) Trois choses sont nécessaires à la vie intérieure : simplicité, fidélité, purification qui permettront à la lumière de Dieu de pénétrer en nous sans obstacle.

Instruction de Mère Isabelle aux Orantes de l'Assomption, extrait, De la vie intérieure, 7 mars 1914.

dimanche 10 novembre 2024

Grégoire de Palamas, + 1359, Le rassemblement des élus à la fin des temps

 

 

33e dimanche saint Marc 13,24-32            17 novembre 2024


Ceux qui professent la foi droite en notre Seigneur Jésus Christ et en témoignent dans leurs actions, ceux qui restent vigilants ou, s'ils ont péché, se purifient de leurs souillures par la confession et le repentir, ceux qui combattent les vices en exerçant les vertus de tempérance, de chasteté, de charité, de miséricorde, de justice et de sincérité, tous ceux-là entendront à la résurrection le Roi des cieux en personne leur dire: Venez les bénis de mon Père, recevez en héritage le royaume préparé pour vous depuis la création du monde (Mt 25,34). Héritiers d'un royaume céleste, inébranlable, ils régneront ainsi avec le Christ. Ils vivront pour toujours dans la lumière ineffable et sans déclin qu'aucune nuit jamais n'interrompt. Ils demeureront avec les saints d es temps anciens dans des délices inexprimables, auprès d'Abraham, là où il n'y a plus aucune douleur, aucune peine ni aucun gémissement.

Il existe une moisson pour les épis de blé matériels et une autre pour les épis doués de raison, c'est-à-dire le genre humain. Celle-ci, avons-nous dit, s'effectue chez les infidèles et rassemble dans la foi ceux qui accueillent l'annonce de l'évangile. Les ouvriers de cette moisson sont les Apôtres du Christ, puis leurs successeurs, puis, au cours du temps, les docteurs de l'Église. Le Christ a dit à leur sujet ces paroles, que nous avons déjà citées: Le moissonneur reçoit son salaire: il récolte du fruit pour la vie éternelle (Jn 4,36). En effet, les docteurs de la foi obtiendront aussi de Dieu une pareille récompense, parce qu'ils rassemblent pour la vie éternelle ceux qui obéissent.

Et il y a encore une autre moisson : c'est le passage de cette vie à la vie future qui, pour chacun de nous, s'opère par la mort. Les ouvriers de cette moisson là ne sont pas les Apôtres, mais les anges. Ils ont une plus grande responsabilité que les Apôtres, car ils font le tri qui suit la moisson et ils séparent les méchants des bons, comme on le fait avec l'ivraie et le grain. Ils envoient d'abord les bons dans le Royaume des cieux, puis précipitent Les méchants dans la géhenne de feu.

Nous sommes aujourd'hui le peuple choisi de Dieu, la race sainte, l'Église du Dieu vivant, mise à part de tous les impies et infidèles. Puissions-nous être séparés de l'ivraie de la même manière dans le siècle futur, et agrégés à la foule de ceux qui sont sauvés dans le Christ, notre Seigneur, qui est béni dans les siècles. Amen.

Homélie 26 ; PG 151, 340-341

samedi 9 novembre 2024

Sainte Thérèse d'Avila, Voilà l'amour


2ème dimanche année B         10 novembre 2024

Saint Marc 12,38-44 




Sainte Thérèse d’Avila. 16ème siècle. Carmélite espagnole, mystique. Docteur de l’Église. Autobiographie 




 Voilà l’amour 

 Si tu ne recherches point les louanges, 

 Si, quand on te fait des éloges, tu les rapportes tout confus à ton Bien-aimé, 

Voilà l’amour. 


Si, au milieu des adversités, 

 Le cœur persévère dans la sérénité, la joie, et la paix, 

 Voilà l’amour. 


 Si tu contredis ta volonté en tout avec énergie, 

 Pour préférer une volonté étrangère par obéissance, 

Voilà l’amour. 


Si quand tu médites, tu n’attaches point ton cœur 

Aux consolations qui découlent de la prière, 

Voilà l’amour.  

Si tu reconnais ta bassesse et la grandeur de Dieu, 

 Si, te méprisant toi-même, tu exaltes Dieu, 

Voilà l’amour. 


Si tu désires efficacement que toutes les âmes 

Créées par la Toute-puissance divine se sauvent, 

Voilà l’amour. 


Enfin, si toutes tes pensées, tes œuvres et tes paroles, 

tu les offres en hommage à ton Bien-aimé, 

Voilà l’amour.


Orantes de l'Assomption,Les chemins de la grâce, Textes pour l'office des lectures présentés par soeur Monique Giroux, Or.A?, T 2, 121.

samedi 2 novembre 2024

Saint Basile Le Grand, + 379, Porter du fruit

 32ème dimanche année B         10 novembre 2024

Saint Marc 12,38-44

Jésus se mit à leur parler en paraboles : 

« Un homme planta une vigne, il l’entoura d’une clôture, y creusa un pressoir et y bâtit une tour de garde. Puis il loua cette vigne à des vignerons, et partit en voyage.


Il te suffit de regarder la vigne avec intelligence pour te souvenir de ta nature. 

Tu te rappelles évidemment la comparaison faite par le Seigneur quand il dit qu'il est lui-même la vigne et son Père, le vigneron. Chacun de nous avons été greffés par la foi sur l'Église, et le Seigneur nous appelle des sarments, il nous exhorte à porter beaucoup de fruits, de peur que notre stérilité ne nous fasse condamner et livrer au feu. Il ne cesse, en toutes occasions, de comparer les âmes humaines à des vignes. Mon bien-aimé avait une vigne, dit-il, sur un coteau, en un lieu fertile, Is 5,1, et: J'ai planté une vigne, je l'ai entourée d'une haie, Mt 21,33. Ce sont évidemment les âmes humaines que Jésus appelle sa vigne, elles qu'il a entourées comme d'une clôture, de la sécurité que donnent ses commandements et de la garde de ses anges, car l'ange du Seigneur campera autour de ceux qui le craignent, Ps 33,8. Ensuite il a planté autour de nous une sorte de palissade en établissant dans l'Église premièrement des Apôtres, deuxièmement des prophètes, troisièmement des docteurs.

En outre, par les exemples des saints hommes d'autrefois, il élève nos pensées sans les laisser tomber à terre où elles mériteraient d'être foulées aux pieds. Il veut que les embrassements de la charité, comme les vrilles d'une vigne, nous attachent à notre prochain et nous fassent reposer sur lui afin qu'en gardant constamment notre élan vers le ciel, nous nous élevions comme des vignes grimpantes jusqu'aux plus hautes cimes.

Il nous demande encore de consentir à être sarclés. Or une âme est sarclée quand elle écarte d'elle les soucis du monde qui sont un fardeau pour nos coeurs. Ainsi celui qui écarte de soi l'amour charnel et l'attachement aux richesses, ou qui tient pour détestable et méprisable la passion pour cette misérable gloriole, a, pour ainsi dire, été sarclé, et il respire de nouveau, débarrassé du fardeau inutile des pensées terrestres.

Mais, pour rester dans la ligne de la parabole, il ne nous faut pas produire que du bois, c'est-à-dire vivre avec ostentation, ni rechercher la louange de ceux du dehors: il nous faut porter du fruit en réservant nos oeuvres pour les montrer au vrai vigneron.

Homélies sur l'Hexaéméron, 5, 6; version remaniée de SC 27, 304-307

https://www.clerus.org/bibliaclerusonline/pt/jzd.htm#cu

Augustin d'Hippone : recevoir l'amour et devenir amour

 31e dimanche temps ordinaire B, saint Marc 12,28b-31

Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de

toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. 

Et voici le second : 

Tu aimeras ton prochain comme toi-même. 

Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là. »



Soeur Douceline, Or. A., (†)

La prière s’est tue, l’heure précieuse entre toutes où Dieu a parlé à ton cœur, où tu t’es senti plus vrai, meilleur, réconcilié avec toi-même et les autres. La vie t’a ressaisi, avec le poids du quotidien. Ne laisse pas ton cœur se taire, te dit Augustin, ne laisse pas ta vie se taire. Le désir prie toujours, même quand la langue se tait. Ne cesse de désirer, ne cesse d’aimer.

Que l’amour naisse en toi, s’il n’est pas encore né … Il est ta vie avec Dieu, Évangile de Jean Tr. 65.

Tu es invité à rejoindre tes frères dans le mystère contemplé où tu as senti ton cœur s’ouvrir à l’image de ton Créateur. Il veut te faire partager son bonheur d’aimer, sa joie de donner. N’est-ce pas la meilleure façon de louer Dieu que de l’imiter ?

 
L’amour est une grâce toujours offerte. Pose un regard contemplatif sur les êtres et les événements.

Cependant que de choses peuvent prendre le visage de l’amour et ne le sont pas ! dit Augustin. Ne va pas faire l’important ! Dieu est plus grand que notre cœur et il connaît tout, Commentaire 1 Jean 6, 3.

Te voilà devant Dieu ; interroge ton cœur, vois ce que tu as fait et ce que, ce faisant, tu as désiré… (Ibid.). Ne regarde pas ce qui fleurit au-dehors, mais la racine qui est en terre… Commentaire 1 Jean 8, 9.

L’amour est-il à la racine ?

L’amour est la voie royale qui met notre cœur au large, Psaume 118, et nous achemine vers la Joie promise.

Ton amour change, tes joies changent… Rien ne t’est enlevé, mais tout a changé, Commentaire Ps 74,1.