mardi 29 décembre 2020

Homélie Pape Benoît XVI, Solennité de Sainte Marie, Mère de Dieu, Jn 1,19-28


  Chers frères et sœurs,

En ce premier jour de l’année, la liturgie fait résonner dans toute l’Église disséminée dans le monde l’antique bénédiction sacerdotale, que nous avons écoutée dans la première Lecture : « Que le Seigneur te bénisse et te garde ! Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il se penche vers toi ! Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix ! », Nb 6, 24-27. Cette bénédiction fut confiée par Dieu, à travers Moïse, à Aaron et à ses fils, c’est-à-dire aux prêtres du peuple d’Israël. C’est un triple vœu plein de lumière, qui provient de la répétition du nom de Dieu, le Seigneur, et de l’image de son visage. En effet, pour être bénis, il faut demeurer en présence de Dieu, recevoir sur soi son Nom et rester dans le cône de lumière qui part de son visage, dans l’espace illuminé par son regard, qui répand grâce et paix.

 

C’est aussi l’expérience qu’ont fait les bergers de Bethléem, qui apparaissent encore dans l’Évangile d’aujourd’hui. Ils ont fait l’expérience de demeurer en présence de Dieu, de sa bénédiction, non pas dans la salle d’un palais majestueux, devant un grand souverain, mais dans une étable, devant un «nouveau-né couché dans une mangeoire», Lc 2, 16. C’est justement de cet enfant que rayonne une lumière nouvelle, qui resplendit dans l’obscurité de la nuit, comme nous pouvons le voir sur de nombreux tableaux qui représentent la Nativité du Christ. C’est de lui, désormais, que vient la bénédiction : de son nom – Jésus, qui signifie « Dieu sauve » – et de son visage humain, en qui Dieu, le tout-puissant Seigneur du ciel et de la terre, a voulu s’incarner, cacher sa gloire sous le voile de notre chair, pour nous révéler pleinement sa bonté, cf. Tt 3, 4.

La première à être comblée de cette bénédiction a été Marie, la vierge, épouse de Joseph, que Dieu a choisie dès le premier instant de son existence pour être la mère de son Fils fait homme. Elle est « bénie entre toutes les femmes » Lc 1, 42 – comme la salue sainte Élisabeth. Toute sa vie est dans la lumière du Seigneur, dans le rayon d’action du nom et du visage de Dieu incarné en Jésus, le «fruit béni de son sein». C’est ainsi que nous la présente l’Évangile de Luc : retenant tous ces événements et méditant dans son cœur tout ce qui concernait son fils Jésus, Lc 2, 19. 51. Le mystère de sa maternité divine, que nous célébrons aujourd’hui, renferme dans une mesure surabondante ce don de grâce que toute maternité humaine comporte, si bien que la fécondité du sein a toujours été associée à la bénédiction de Dieu. La Mère de Dieu est la première qui est bénie et elle est celle qui porte la bénédiction ; c’est la femme qui a accueilli Jésus en elle et qui lui a donné le jour pour toute la famille humaine. Comme prie la liturgie : «Gardant pour toujours la gloire de sa virginité, elle a donné au monde la lumière éternelle, Jésus Christ notre Seigneur», Préface de la B. V. Marie 1.

Marie est mère et modèle de l’Église qui accueille dans la foi la Parole divine et s’offre à Dieu comme « bonne terre » en qui Il peut continuer à accomplir son mystère de salut. L’Église aussi participe au mystère de la maternité divine, à travers la prédication, qui répand dans le monde la semence de l’Évangile, et qui, à travers les sacrements, communiquent aux hommes la grâce et la vie divine. En particulier, dans le sacrement du Baptême, l’Église vit cette maternité, quand elle engendre les fils de Dieu de l’eau et de l’Esprit Saint, qui en chacun d’eux crie : «Abbà ! Père !» ,Ga 4, 6. Comme Marie, l’Église est médiatrice de la bénédiction de Dieu pour le monde : elle la reçoit en accueillant Jésus et la transmet en portant Jésus. Il est lui la miséricorde et la paix que le monde ne peut se donner de lui-même et dont il a besoin toujours, comme et plus que du pain.

Chers amis, la paix, dans son sens le plus plein et le plus élevé, est la somme et la synthèse de toutes les bénédictions. C’est pourquoi, quand deux personnes amies se rencontrent, elles se saluent en se souhaitant mutuellement la paix. L’Église aussi, le premier jour de l’année, invoque de manière spéciale ce plus grand bien, et elle le fait, comme la Vierge Marie, en montrant à tous Jésus, car, comme l’affirme l’apôtre Paul, «il est notre paix»  Ep 2, 14), et, en même temps, il est le "chemin» par lequel les hommes et les peuples peuvent atteindre ce but, auquel tous aspirent..

 Basilique Saint Pierre, Dimanche 1er janvier 2012.

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