mercredi 31 mars 2021

Saint Epiphane de Salamine, Un grand silence règne aujourd'hui sur la terre

Samedi saint 





Eveille-Toi, ô toi qui dors

Homélie ancienne pour le grand et saint Samedi
attribuée à Epiphane de Salamine



Que se passe-t-il ? 
Aujourd’hui, grand silence sur la terre ; 

grand silence et ensuite solitude parce que le roi sommeille.La terre a tremblé et elle s’est apaisée , parce que Dieu s’est endormi dans la chair et il a évéillé ceux qui dorment depuis les origines. Dieu est mort dans la chair et le séjour des morts s’est mis à trembler.

C’est le premier homme qu’il va chercher, comme la brebis perdue. Il veut aussi visiter ceux qui demeurent dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort . Oui c’est vers Adam captif, en même temps que vers Eve, captive elle aussi, que Dieu se dirige, et son Fils avec lui, pour les délivrer de leurs douleurs.

Le Seigneur s’est avancé vers eux, muni de la croix, l’arme de sa victoire. Lorsqu’il le vit, Adam, le premier homme, se frappant la poitrine dans sa stupeur, s’écria vers tous les autres : "Mon Seigneur avec nous tous !" Et le Christ répondit à Adam "Et avec ton esprit." Il le prend par la main et le relève en disant : 
Eveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera.

"C’est moi ton Dieu, qui pour toi, suis devenu ton fils ; c’est moi qui, pour toi et pour tes descendants, te parle maintenant et qui, par ma puissance, ordonne à ceux qui sont dans tes chaînes : Sortez. A ceux qui sont endormis : Relevez-vous.

"Je te l’ordonne : Eveille-toi, ô toi qui dors, je ne t’ai pas crée pour que tu demeures captif du séjour des morts.

Relève-toi d’entre les morts : moi, je suis la vie des morts.
Lève-toi, oeuvre de mes mains ; lève-toi, mon semblable, qui as été créé à mon image.

Eveille-toi, sortons d’ici. Car tu es en moi, et moi en toi, nous sommes une seule personne indivisible.
"C’est pour toi que moi, ton Dieu, je suis devenu ton fils ;
c’est pour toi que moi, le Maître, j’ai pris ta forme d’esclavage ;
c’est pour toi que moi, qui domine les cieux, je suis venu sur la terre, et au-dessous de la terre ; c’est pour toi, l’homme, que je suis devenu comme un homme abandonné, libre entre les morts ; c’est pour toi, qui es sorti du jardin, que j’ai été livré aux juifs dans un jardin et que j’ai été crucifié dans un jardin.

"Vois les crachats sur mon visage ; c’est pour toi que je les ai subis afin de te ramener à ton premier souffle de vie. Vois les soufflets sur mes joues : je les ai subis pour rétablir ta forme défigurée afin de la restaurer à mon image.

"Vois la flagellation sur mon dos, que j’ai subie pour éloigner le fardeau de tes péchés qui pesait sur ton dos. Vois mes mains solidement clouées au bois, à cause de toi qui as péché en tendant la main vers le bois.

"Je me suis endormi sur la croix, et la lance a pénétré dans mon côté, à cause de toi qui t’es endormi dans le paradis et, de ton côté, tu as donné naissance à Eve. Mon côté a guéri la douleur de ton côté ; mon sommeil va te tirer du sommeil des enfers. Ma lance a arrêté la lance qui se tournait vers toi.

"Lève-toi, partons d’ici . L’ennemi t’a fait sortir de la terre du paradis ; moi je ne t’installerai plus dans le paradis, mais sur un trône céleste. Je t’ai écarté de l’arbre symbolique de la vie ; mais voici que moi, qui suis la vie, je ne fais qu’un avec toi.

J’ai posté les chérubins pour qu’ils te gardent comme un serviteur ; je fais maintenant que les chérubins t’adorent comme un Dieu. "Le trône des chérubins est préparé, les porteurs sont alertés, le lit nuptial est dressé, les aliments sont apprêtés, les tentes et les demeures éternelles le sont aussi. Les trésors du bonheur sont ouverts et le royaume des cieux est prêt de toute éternité."

Saint Épiphane de Salamine,
Un Père de l'Église qui vécut à Chypre au IVe siècle

De saint Éphrem le Syrien, diacre, vendredi saint la croix

 

Aujourd’hui s’avance la croix, la création exulte


Aujourd’hui s’avance la croix et les enfers sont ébranlés. Les mains de Jésus sont fixées par les clous, et les liens qui attachaient les morts sont déliés.


Aujourd’hui, le sang qui ruisselle de la croix parvient jusqu’aux tombeaux et fait germer la vie dans les enfers




Dans une grande douceur, Jésus est conduit à la Passion. […]

À la douzième heure, il est déposé de la croix : on dirait un lion qui dort.

Alors, il descend aux enfers, désirant voir les justes qui se reposent de leurs fatigues et il les passe en revue comme un roi regardant son armée au repos à l’heure de midi. […]




Mais revenons à la Passion.

Pendant le jugement, la Sagesse se tait et la Parole ne dit rien.

Ses ennemis le méprisent et le mettent en croix


Aussitôt, l’univers est ébranlé, le jour disparaît et le ciel s’obscurcit.

On le couvre d’un vêtement dérisoire, on le crucifie entre deux brigands.

Ceux à qui, hier, il avait donné son corps en nourriture le regardent mourir de loin.


Pierre le premier des apôtres, a fui le premier.

André aussi a pris la fuite, et Jean qui reposait sur son côté n’a pas empêché un soldat de percer ce côté de sa lance.

Le chœur des douze s’est enfui.

Ils n’ont pas dit un mot pour lui, eux pour qui il donne sa vie.


Lazare n’est pas là, qu’il a rappelé à la vie, 

l’aveugle n’a pas pleuré celui qui a ouvert ses yeux à la lumière, 

et le boiteux, qui grâce à lui pouvait marcher, n’a pas couru auprès de lui


Seul un bandit crucifié à son côté le confesse et l’appelle son roi, au scandale des juifs.

Ô larron, fleur précoce de l’arbre de la croix, premier fruit du bois du Golgotha.


Saint Ephrem est né à Nisibe à une date inconnue et mort à Édesse en 373. 

https://lacourdieu.com/277.html

mardi 30 mars 2021

Méliton de Sardes, l'agneau sans défaut et sans tâche

 Jeudi saint

L'Agneau sans défaut et sans tache

 

"Bien des choses ont été annoncées par de nombreux prophètes en vue du mystère de Pâques qui est le Christ: à lui la gloire pour les siècles des siècles. Amen.

 


C'est lui qui est venu des cieux sur la terre en faveur de l'homme qui souffre; il a revêtu cette nature dans le sein de la Vierge et, quand il en est sorti, il était devenu homme; il a pris sur lui les souffrances de l'homme qui souffre, avec un corps capable de souffrir, et il a détruit les souffrances de la chair; par l'esprit incapable de mourir, il a tué la mort homicide.

Conduit comme un agneau et immolé comme une brebis, il nous a délivrés de l'idolâtrie du monde comme de la terre d'Egypte ; il nous a libérés de l'esclavage du démon comme de la puissance de Pharaon ; il a marqué nos âmes de son propre Esprit, et de son sang les membres de notre corps.

.

C'est lui qui a plongé la mort dans la honte et qui a mis le démon dans le deuil, comme Moïse a vaincu Pharaon. C'est lui qui a frappé le péché et a condamné l'injustice à la stérilité, comme Moïse a condamné l'Egypte.

C'est lui qui nous a fait passer de l'esclavage à la liberté, des ténèbres à la lumière, de la mort à la vie, de la tyrannie à la royauté éternelle, lui qui a fait de nous un sacerdoce nouveau, un peuple choisi, pour toujours. C'est lui qui est la Pâque de notre salut.

C'est lui qui endura bien des épreuves en un grand nombre de personnages qui le préfiguraient: en Abel il a été tué; en Isaac il a été lié sur le bois; en Jacob il a été exilé; en Joseph il a été vendu; en Moïse il a été exposé à la mort; dans l'agneau il a été égorgé; en David il a été en butte aux persécutions; dans les prophètes il a été méprisé.

C'est lui qui s'est incarné dans une vierge, a été suspendu au bois, enseveli dans la terre, ressuscité d'entre les morts, élevé dans les hauteurs des cieux.

C'est lui, l'agneau muet; c'est lui, l'agneau égorgé; c'est lui qui est né de Marie, la brebis sans tache ; c'est lui qui a été pris du troupeau, traîné à la boucherie, immolé sur le soir, mis au tombeau vers la nuit. Sur le bois, ses os n'ont pas été brisés; dans la terre, il n'a pas connu la corruption; il est ressuscité d'entre les morts et il a ressuscité l'humanité gisant au fond du tombeau."

Homélie de Méliton de Sardes sur la Pâque

in Livre des jours, p. 313-314

Prière

Notre Père

Dieu qu'il est juste d'aimer par-dessus tout, multiplie en nous les dons de ta grâce; dans la mort de ton Fils, tu nous fais espérer ce que nous croyons, accorde-nous, par sa résurrection, d'atteindre ce que nous espérons.

vendredi 26 mars 2021

Rameaux, Gloire au Christ, Saint André de Crète

 

L’Homélie de Saint André de Crète                   Dimanche des Rameaux 

« Gloire au Christ vainqueur de la mort » 


« Venez, gravissons ensemble le mont des Oliviers ; allons à la rencontre du Christ. Il revient aujourd'hui de Béthanie et Il s'avance de Son plein gré vers Sa sainte et bienheureuse Passion, afin de mener à son terme le Mystère de notre salut.

Il vient donc, en faisant route vers Jérusalem, Lui qui est venu du ciel pour nous, alors que nous étions gisants au plus bas, afin de nous élever avec Lui, comme l'explique l'Écriture, au-dessus de toutes les puissances et de toutes les forces qui nous dominent, quel que soit leur nom.

Et Il vient sans ostentation et sans faste. Car, dit le prophète, Il ne protestera pas, Il ne criera pas, on n'entendra pas Sa voix. Il sera doux et humble, Il fera modestement son entrée.

Alors, courons avec Lui qui se hâte vers sa Passion ; imitons ceux qui allèrent au-devant de Lui. Non pas pour répandre sur Son chemin, comme ils l'ont fait, des rameaux d'olivier, des vêtements ou des palmes. C'est nous-mêmes qu'il faut abaisser devant Lui, autant que nous le pouvons, l'humilité du cœur et la droiture de l'esprit, afin d'accueillir le Verbe qui vient, afin que Dieu trouve place en nous, Lui que rien ne peut contenir.

Car Il se réjouit de s'être ainsi montré à nous dans toute sa douceur, Lui qui est doux, Lui qui monte au-dessus du couchant, c'est-à-dire au-dessus de notre condition dégradée. Il est venu pour devenir notre compagnon, nous élever et nous ramener vers Lui par la Parole qui nous unit à Dieu.

Bien que, dans cette offrande de notre nature humaine, Il soit monté au sommet des cieux, à l'orient, comme dit le Psaume, j'estime qu'Il l'a fait en vertu de la gloire et de la divinité qui Lui appartiennent. En effet, Il ne devait pas y renoncer, à cause de son Amour pour l'humanité, afin d'élever la nature humaine au-dessus de la terre, de gloire en gloire, et de l'emporter avec Lui dans les hauteurs.

C'est ainsi que nous préparerons le Chemin au Christ : nous n'étendrons pas des vêtements ou des rameaux inanimés, des branches d'arbres qui vont bientôt se faner, et qui ne réjouissent le regard que peu de temps. Notre vêtement, c'est sa Grâce, ou plutôt c'est Lui tout entier que nous avons revêtu : Vous tous que le Baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ. C'est nous-mêmes que nous devons, en guise de vêtements, déployer sous Ses pas.

Par notre péché, nous étions d'abord rouges comme la pourpre, mais le Baptême de salut nous a nettoyés et nous sommes devenus ensuite blancs comme la laine. Au lieu de branches de palmier, il nous faut donc apporter les trophées de la victoire à Celui qui a triomphé de la mort.

Nous aussi, en ce Jour, disons avec les enfants, en agitant les rameaux qui symbolisent notre vie : « Béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur, le Roi d’Israël ! »

Ainsi soit-il. »


Saint André de Crète (660-740), in livre des jours, p. 302-303

lundi 22 mars 2021

Saint Isaac le Syrien (7ème siècle)

Saint Isaac Le Syrien

Né dans le Qatar actuel, il mourut au monastère de Rabban Shabour [nord Kurdistan]. Évêque de Ninive. Ses oeuvres spirituelles exercent encore une influence notable.



Que la miséricorde l’emporte toujours dans ta balance

jusqu’à ce que tu sentes en toi-même

la miséricorde que Dieu éprouve pour le monde.


Que notre propre état devienne ainsi un miroir dans lequel nous contemplerons en nous-mêmes la ressemblance et l’empreinte de ce qui appartient par nature à la divine essence.


Un coeur dur et sans miséricorde ne peut parvenir à la pureté.

Un homme miséricordieux est le médecin de sa propre âme,

car il chasse de son intérieur le sombre nuage des passions,

comme par un vent violent.


Un homme a atteint la pureté du coeur lorsqu’il voit tous les hommes comme bons, et lorsqu’aucun ne lui paraît impur et souillé.

Soeur Monique-Anne, les chemins de la grâce, éd. Orantes de l'Assomption

vendredi 12 mars 2021

Saint Jean Chrysostome, sur la providence, La croix



4e dimanche de carême B



De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l'homme soit élevé, afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle.


La croix, preuve suprême de l'amour


Lorsque nous célébrons notre maître commun pour toutes sortes de raisons diverses, est-ce que nous ne le célébrons pas surtout en lui rendant gloire à cause de la stupeur qui nous saisit devant la croix, devant cette mort maudite? 
 
Saint Paul, à tout propos, ne nous montre-t-il pas la mort du Christ comme le signe de son amour pour nous? La mort qu'il a subie pour les hommes tels qu'ils sont? A tout propos, il rappelle tout ce que le Christ a fait pour nous secourir et nous soulager, et il revient à la croix en disant : Voici comment Dieu a prouvé son amour pour nous: alors que nous étions pécheurs, le Christ est mort pour nous, Rm 5,8. Et par là, il nous fait entrevoir les plus belles espérances en disant: Si, alors que nous étions ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils, à plus forte raison, une fois réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie Rm 5,10
 
Et n'est-ce pas pour cela surtout que lui-même triomphe, s'exalte, bondit et s'envole de joie, en écrivant aux Galates: Que la croix de notre Seigneur Jésus Christ reste mon seul orgueil Ga 6,14. Pourquoi vous étonner pour cela, si Paul bondit, s'élance et triomphe? Le Christ lui-même, lui qui a supporté ces souffrances, appelle le supplice sa "gloire". Père, dit-il, l'heure est venue, glorifie ton Fils Jn 17,1
 
Et le disciple qui a écrit cela disait: L'Esprit Saint n'avait pas encore été donné parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié Jn 7,39. Ce qu'il appelle "gloire", c'est sa croix. Mais, lorsqu'il voulut nous montrer son amour, de quoi parle-t-il? De ses miracles, de ses merveilles, de ses prodiges? Pas du tout. Ce qu'il met en valeur, c'est la croix, lorsqu'il dit: Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique: ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle Jn 3,16
 
Et Paul dit encore: Il n'a pas refusé son propre Fils, il l'a livré pour nous tous: comment pourrait-il avec lui ne pas nous donner tout Rm 8,32 ? Et lorsqu'il nous invite à l'humilité, c'est de là qu'il tire son exhortation: Ayez entre vous les dispositions que l'on doit avoir dans le Christ Jésus: lui qui était dans la condition de Dieu, n'a pas jugé bon de revendiquer son droit d'être traité à l'égal de Dieu; mais au contraire, il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement, il s'est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu'à mourir, et à mourir sur une croix Ph 2,5-8.

Une autre fois, en exhortant à la charité, il revient sur ce sujet : Vivez dans l'amour comme le Christ nous a aimés, et s'est livré pour nous en offrant à Dieu le sacrifice qui pouvait lui plaire Ep 5,2.

Et le Christ lui-même a voulu montrer combien la croix était sa plus ardente préoccupation, combien il chérissait la souffrance: écoutez comment il a appelé le premier des Douze, le fondement de l'Église, le coryphée du choeur des Apôtres. Celui-ci lui avait dit, dans son ignorance: Dieu t'en garde, Seigneur ! Cela ne t'arrivera pas! Jésus répliqua: Passe derrière moi, Satan, tu es un obstacle sur ma route Mt 16,22-23. Par l'excès de l'injure et de la réprimande, il montrait l'importance majeure qu'il attachait à la croix.

Traité de saint Jean Chrysostome (+ 407) ,Traité sur la Providence, 17, 1-8; SC 79, 224-230.
 
Prière

Dieu qui as réconcilié avec toi toute l'humanité en lui donnant ton propre Fils, augmente la foi du peuple chrétien, pour qu'il se hâte avec amour au-devant des fêtes pascales qui approchent. Par Jésus Christ.

http://www.clerus.org/bibliaclerusonline/pt/jzf.htm

 

samedi 6 mars 2021

Le temple de pierres vivantes, Saint Augustin + 430


Homélies sur les psaumes, ps 130; CCL 40, 1899-1900.

3ème dimanche de carême Saint Jean 2,13-25

Nous ne devons pas écouter la voix qui chante les psaumes comme celle d'un individu, mais comme celle de tous les hommes appartenant au Corps du Christ. Et parce que tous font partie de son corps, ils parlent comme un corps unique, et cet homme unique est aussi une multitude. En effet, ils sont multiples en eux-mêmes, et ils ne font qu'un en lui qui est unique. Lui-même est aussi le Temple de Dieu, dont l'Apôtre écrit: Il est saint, ce temple de Dieu que vous êtes 1 Co 3,17, c'est-à-dire: tous ceux qui croient au Christ et qui croient de manière à aimer. Car croire au Christ, c'est aimer le Christ, et non pas comme les démons croyaient, sans aimer, Jer 2,19, et c'est pourquoi ils pouvaient bien croire, mais ils disaient: Qu'y a-t-il de commun entre nous et toi, Fils de Dieu Mt 8,29 Pour nous, croyons de telle sorte que, si nous croyons en lui, ce soit en l'aimant, et que nous ne disions pas: Qu'y a-t-il entre nous et toi? Mais plutôt: Nous t'appartenons, à toi, qui nous as rachetés. Tous ceux qui croient ainsi sont comme les pierres vivantes dont le temple de Dieu est bâti 1 P 2,5, et comme les bois incorruptibles dont était composée cette arche que le déluge n'a pu submerger Gn 6,14. Ce temple, c'est-à-dire les hommes eux-mêmes, c'est là que l'on prie Dieu, et qu'il exauce. <

Être exaucé par rapport à la vie éternelle est accordé seulement à celui qui prie dans le temple de Dieu. Or on prie dans le temple de Dieu quand on prie dans la paix de l'Église, dans l'unité du Corps du Christ, lequel est constitué de tous ceux qui croient en lui, sur la terre entière, et c'est pourquoi celui qui prie dans ce temple-là est exaucé. Car il prie en esprit et en vérité Jn 4,24, celui qui prie dans la paix de l'Église, non dans ce temple qui n'en était que la figure.

Le Seigneur chasse du Temple ces hommes qui y recherchaient leurs intérêts, c'est-à-dire qui allaient au Temple pour vendre et acheter. Car si ce Temple était figuratif, il est évident que le corps du Christ, qui est le vrai temple dont l'autre n'était que l'image, contient lui aussi, mélangés, des acheteurs et des vendeurs, c'est-à-dire des hommes qui recherchent leurs intérêts personnels, et non ceux de Jésus Christ Ph 2,21.

C'est parce que les hommes sont frappés pour leurs péchés, que le Seigneur a fait un fouet de cordelettes et a ainsi chassé du Temple tous ceux qui cherchaient leurs intérêts personnels, non ceux de Jésus Christ.

C'est donc la voix de ce temple qui retentit dans le psaume. Dans ce temple, ai-je dit, on implore Dieu, et il exauce en esprit et en vérité, mais non dans le temple matériel. Car il n'y avait là qu'une ombre où était montré le temple de l'avenir. C'est pourquoi celui-là est maintenant tombé. Notre maison de prière serait-elle tombée? Nullement. Car vous avez entendu ce qu'a dit notre Seigneur Jésus Christ: Il est écrit: Ma maison s'appellera maison de prière pour toutes les nations Mc 11,17.

Prière

Tu es la source de toute bonté, Seigneur, et toute miséricorde vient de toi; tu nous a dit comment guérir du péché par le jeûne, la prière et le partage; écoute l'aveu de notre faiblesse: nous avons conscience de nos fautes, patiemment relève-nous avec amour. Par Jésus Christ.
http://www.clerus.org/bibliaclerusonline/pt/jzf.htm

vendredi 5 mars 2021

Mère Isabelle, chercher Dieu comme à tâtons

 


Photo d'archives O.A.
Mère Isabelle
vers 1896-1901


6 mars 2021,
172 ème anniversaire de sa naissance (6 mars 1849)
de Mère Isabelle,
Fondatrice des Orantes de l'Assomption





... Le silence tant intérieur qu'extérieur est un des plus puissants moyens de se disposer à la communication intime avec Dieu dans l'oraison, qui est comme l'âme de notre vie. L'âme de notre vie, c'est l'oraison, c'est la prière. Nous voyons dans l'épître tirée des Actes des Apôtres, que Saint Paul, dans son discours à l'Aréopage, dit que nous devons chercher Dieu comme à tâtons.

Certainement Dieu est près de nous, dans notre coeur, et nous pouvons converser avec Lui sans cesse. Nous le cherchons dans un grand silence, car c'est dans le silence que nous le trouvons le mieux. Dans les créatures, on cherche la conversation, les paroles; mais pour Dieu, c'est toujours dans ce silence dont parle Bossuet : "Ce silence où il se dit tant de choses." La voix de Dieu est, pour ainsi dire, souvent comme un léger murmure, on ne l'entend que si on prête une oreille attentive. Nous devons le chercher d'autant plus dans ce silence, dans cette obscurité dont parlent Saint Jean de la Croix et tous les mystiques. Nous devons arrêter sur Lui un simple regard dans l'attention, dans la fidélité extérieure et intérieure. Ce simple regard ne signifie pas l'oisiveté, la distraction. Dès que l'âme s'aperçoit qu'elle est distraite, elle s'empresse de mettre dans son coeur une pensée sainte. Mais quand elle a ramené son esprit, elle n'a pas besoin de toujours produire des pensées, mais d'écouter alors le murmure divin, de ne pas laisser pénétrer [en elle] les bruits du monde, d'avoir cette foi que Dieu est toujours tout près de nous, qu'Il nous entend toujours, que pas un cheveu ne tombe de notre tête sans sa permission.

Il faut vivre ces choses dans le silence de l'âme. Non pas seulement le silence intérieur, mais aussi le silence extérieur. Il faut s'y appliquer, non seulement pour soi-même, mais par charité pour les autres. Il faut pour cela avoir la présence intime de Dieu. Mais si, par maladresse, on manque à ce silence, il faut se laisser envahir par Dieu, marcher en sa présence et oublier tout le reste.

Mère Isabelle, Instruction, Chapitre XII, Du silence, 9 Octobre 1915.