samedi 7 août 2021

Le discernement des esprits est décisif, soeur Monique-Anne Giroux, Or.A

22e dimanche du temps ordinaire année B

Mc 7,1-8, 14-15.21-23

Discerner, c'est connaître la source 

de nos pensées et de nos réactions.

Des auteurs spirituels  nous indiquent des chemins d'attention.




Pour savoir s’avancer dans le flot des pensées, sans se laisser passivement entraîner par elles, mais savoir trier les bonnes et les mauvaises.

Dans les bonnes pensées agit notre vraie nature, attirée par la grâce.

Dans les mauvaises pensées, ce dynamisme est capturé par des forces étrangères qui enveloppent l’âme d’une gangue opaque et s’interposent entre l’esprit et le cœur.

Cette attention aux pensées, cette pêche particulièrement fructueuse dans le silence de la nuit où l’inconscient est poreux, tout cela doit se situer dans la perspective de la prière. C’est seulement par sa relation avec Dieu, en effet, que la personne peut se dégager de tout conditionnement. Et cette prière doit être discrète, voire secrète. - Retire-toi dans ta chambre et ferme la porte, dit Jésus, de peur de devenir ostentation et gêne pour autrui.

« Voici le véritable fondement de la prière : être attentif à ses pensées et se livrer à la prière dans un grand calme, une grande paix, de manière à ne pas choquer les autres… L’homme devra donc porter le combat sur ses pensées, tailler dans leur masse…, se pousser vers Dieu, ne pas faire les volontés de ses pensées, mais, au contraire, les ramener de leur dispersion en triant les pensées naturelles d’avec les mauvaises. L’âme sous le péché s’avance comme à travers un fleuve envahi de roseaux, de fourrés… Qui veut les franchir doit étendre les mains et, péniblement écarter de force l’obstacle qui l’emprisonne. Ainsi les pensées de la puissance ennemie enveloppent l’âme de leur gangue opaque. Il faut un grand zèle, une grande attention pour les discerner…

Pseudo-Macaire, Sixième homélie, PG 34, 520.

 

Dans la plupart des textes, le cœur est compris comme le centre d’intégration proprement personnel de toutes nos facultés. C’est le cœur-esprit déjà purifié, notamment par la grâce baptismale. Il faut donc pratiquer la garde du cœur en discernant les pensées.

 

« Sois le portier de ton cœur et ne laisse aucune pensée entrer sans l’interroger ; interroge-les une à une, et dis-leur : - Es-tu de notre parti ou du parti de nos adversaires ? Et, si elle est de la maison, elle te comblera de paix.

Évagre le Pontique, Lettre 11, Ed. Frankenberg, p. 575.

 

Une pensée ambiguë se met entre parenthèses, à quelque distance. On la « bombarde » par le rayon de la prière, jusqu’à ce qu’elle s’intègre ou se désintègre.

 

Eveille-toi, sois-vigilant. Si la pensée qui te vient est une pensée bonne, sache que Dieu veut t’ouvrir une voie de vie … Mais si la pensée est ténébreuse, si tu hésites car tu ne peux voir clairement… si elle va t’aider ou te tromper, puisqu’elle peut s’être cachée sous une forme bonne, veille nuit et jour dans la ferveur et la tension de la prière, pour te préparer à la combattre. Ne la chasse pas, ne l’accepte pas non plus, mais prie sur elle, ardemment. Ne cesse pas d’invoquer le Seigneur. Et lui te montrera d’où elle vient.

Isaac Le Syrien, traités ascétiques, 34, traité, Ed. Spnanos, p. 148.

 

Il ne s’agit pas seulement de garder son calme, car le ressentiment est pire qu’un éclat de colère, mais de l’Esprit saint pacifier l’âme.

L’Esprit saint pacifie l’âme,

La colère trouble le cœur.

Rien autant que la colère ne s’oppose à la venue en nous de l’Esprit.

Jean Climaque, L’Echelle sainte, 8ème degré, 17 (20), p. 71.

Jean Cassien recommande un tête-à-tête silencieux, abandonné, confiant, avec Dieu, l’homme « fermant la porte de sa chambre », comme le demande Jésus, c’est-à-dire la porte de la cellule intérieure, de son cœur-esprit. Prières fréquentes mais courtes à cause de leur intensité même, qui évite la distraction.

 

Nous devons mettre un soin particulier à suivre le précepte évangélique qui nous demande d’entrer dans notre chambre et d’en fermer la porte pour prier notre Père.

Voici comment l’accomplir.

Nous prions dans notre chambre quand nous retirons entièrement notre cœur du tumulte des pensées et des soucis, et que dans une sorte de tête-à-tête secret et d’amitié très douce, nous découvrons au Seigneur nos désirs.

Nous prions la porte fermée, lorsque nous invoquons sans ouvrir les lèvres Celui qui ne tient pas compte des paroles, mais regarde au cœur.

Nous prions en secret lorsque nous parlons à Dieu par le cœur seulement et la concentration de l’âme, et ne manifestons qu’à lui nos dispositions. Si bien que les puissances adverses elles-mêmes n’en puissent deviner la nature. Telle est la raison du profond silence qu’il convient de garder dans la prière.

Aussi nos prières doivent-elles être fréquentes, mais courtes, de peur que, si elles se prolongeaient, l’ennemi n’ait la possibilité d’y glisser la distraction. C’est là le sacrifice véritable : « Le sacrifice que Dieu veut, c’est un cœur brisé », Ps 50,19.

Il y a trois étapes dans la vie des convertis ; le commencement, le milieu et la perfection. Au commencement les convertis rencontrent les séductions de la douceur, au milieu des combats contre la tentation, à la fin, la perfection de la plénitude. C’est d’abord la douceur, pour les réconforter, ensuite l’amertume, pour les exercer ; enfin la suavité des choses ultimes, pour les affermir ?

Grégoire Le Grand, Morale sur Job, 20,11,28, PL 76,302.

 

Textes sélectionnés par soeur Monique-Anne Giroux, Orantes de l'Assomption

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