18e dimanche du temps ordinaire C 31 août 2022
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 12,13-21
Du milieu de la foule, un homme demanda à Jésus :
"Maître, dis à mon
frère de partager avec moi notre héritage."
Il y avait, dit
l'évangile, un homme riche dont les terres avaient beaucoup
rapporté. Il se disait : Que vais-je faire ? Je vais démolir mes
greniers et j'en construirai de plus grands, Lc 12,16-18.
Pourquoi donc cette terre avait-elle tant rapporté à un homme qui ne devait
faire aucun bon usage de cette fertilité ? C'était pour mieux mettre en lumière
la patience de Dieu dont la bonté s'étend même sur de telles gens. Car il
fait tomber sa pluie sur les justes et sur les injustes, et il fait lever son
soleil sur les méchants et sur les
bons,
Mt 5,45.
De quel état d'esprit cet homme faisait-il montre? L'aigreur du
caractère, la haine des hommes, l'égoïsme, voilà ce qu'il offrait en retour à
son bienfaiteur. Il oubliait que nous appartenons tous à la même nature. Il ne
jugeait pas nécessaire de distribuer son superflu aux pauvres. Mais ses greniers craquaient, trop étroits pour ses immenses dépôts, et son
coeur d'avare n'était pas encore comblé. D'ailleurs, ses nouvelles récoltes
s'ajoutaient sans cesse aux anciennes et les apports annuels venaient accroître
son opulence, de sorte qu'il se trouva dans une situation sans issue. Il
n'acceptait pas de se défaire de ses anciennes réserves, tant il était avare,
et il n'arrivait plus à entreposer les nouvelles récoltes trop abondantes. De
là les projets non réalisés et les angoisses insurmontables.
Que vais-je faire ? Qui n'aurait pitié d'un homme en proie à un pareil
tourment? Car ce ne sont pas des
bénéfices que la terre lui apporte, mais des soupirs. Elle ne lui procure pas
d'abondants revenus, mais des soucis, des peines et un embarras extrême. Il
pousse des lamentations comme le ferait un miséreux. Ne sont-ce pas là les
plaintes de celui qui est réduit à la mendicité ? Que vais-je faire? Comment
vais-je me nourrir, me vêtir ?
Considère, homme, celui qui t'a comblé de ses dons. Souviens-toi de toi-même.
Rappelle-toi qui tu es, quelles affaires tu conduis, qui te les a confiées,
pour quelle raison tu as été préféré à beaucoup. Tu es le serviteur du Dieu
bon, tu as la charge de tes compagnons de service. Ne crois pas que tous ces
biens sont destinés à ton ventre. Dispose des biens que tu as entre les mains
comme s'ils appartenaient à autrui: ils te donneront du plaisir pendant quelque
temps, puis s'évanouiront et disparaîtront. Mais il t'en sera demandé un compte
détaillé.
Que vais-je faire ? La réponse était simple : "Je rassasierai les
affamés, j'ouvrirai mes greniers et j'inviterai les pauvres. J'imiterai Joseph,
j'annoncerai à tous ma charité, je ferai entendre une parole généreuse: 'Vous
tous, qui manquez de pain, venez à moi. Que chacun prenne une part suffisante
des dons que Dieu m'a accordés ! Venez y puiser comme à des fontaines
publiques".
Homélie de saint Basile (+ 379),
Que faire des grandes richesses?
Homélies sur la richesse, 6, 1-2; PG 31, 261 -265. in Clerus.org
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