samedi 16 juillet 2022

Marie figure de l’Église dans l’éternité


 

Saint Luc 10,38-42


Marie assise aux pieds du Seigneur, recueillant ses paroles, signifie la vision face à face : - Nous le connaîtrons tel qu’Il est, 1 Jn 3,2. Ce sera la contemplation. L’unique occupation de l’Église sera la fruition de la Sagesse. Quand le Christ remettra le Royaume à son Père, se réalisera la promesse : - Votre joie, personne ne vous l'enlèvera, Jn 16,22.


 Tu resteras Seul pour être tout en tous ; et, éternellement, nous ne chanterons plus ensemble qu’une seule louange, la Tienne, devenus nous-mêmes Un seul dans Ton Unité, Sermon 179, 5

Alors, quand tout sera sous le pouvoir du Fils, il se mettra lui-même sous le pouvoir du Père qui lui aura tout soumis, et ainsi, Dieu sera tout en tous, 1 Co 15,28.

C’est la fruition [du mot ‘fruit’ : action de jouir de quelque chose] de l’unité entre nous et en Dieu qui sera le bonheur de l’éternité. Marie est toute occupée de l’Unique, c’est ce qui fait sa supériorité. Le ciel sera la possession de l’Unité suprême, celle de la Sainte Trinité. Et cette unité se réalisera dans un repas dont le pain sera la Vérité. Dieu Lui-même recevra ses serviteurs fidèles à sa table, selon la promesse rapportée par saint Luc : - Heureux les serviteurs que le Maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. Amen, je vous le dis : Il prendra la tenue de service, les fera passer à table et les servira chacun à son tour, Lc 12,37.

Ceux qui l’auront servi dans la personne des plus petits d’entre les siens, Il les recevra et les nourrira de la pleine Vérité qu’Il est Lui-même. Mystère de la Pâque, au-delà duquel aura lieu le banquet éternel dont le Christ sera à la fois le ministre et le pain. Cette vie future sera marquée du sceau de la permanence : ce sera la patrie par opposition au chemin.

- Marie a choisi la meilleur part : elle ne lui sera pas ôtée.

Bien loin de passer, cette part croîtra sans cesse, Sermon 179, 6

Jean représente cette vie bienheureuse où nous recevrons du Christ la plénitude de la science par opposition à la plénitude de patience que représente la vie de l’Église présente.

Marie, Rachel et Jean, le temps de l’extentio

Marie figurait la vie éternelle mais elle ne la tenait pas encore. Dans le commentaire du Ps 148, saint Augustin insiste sur le fait que notre occupation doit être la louange de Dieu, parce qu’elle sera notre joie de la vie future et que personne ne peut devenir apte à la vie éternelle s’il ne s’y est exercé dès maintenant. Saint Augustin reconnaît que cette expérience demeure assez rare : la contemplation est le fait de quelques uns.

 

Marie vivait du Verbe, mais à travers la parole humaine. Elle était assise, en son humilité, comme une vallée toute prête à recevoir l’eau courante. Mais au fond du cœur, elle était debout, dans la permanence de l’attente. Oisive et paisible, elle remet au Maître tout jugement sur son propre compte. La contemplation de l’unique détournait Marie du souci de multiples détails.

 

Une vocation du même ordre rendait Rachel stérile. Comme sa sœur Lia aux yeux malades était pour Jacob une épouse féconde, de même, ceux qui prêchent l’Évangile au milieu des tribulations, engendrent au Royaume de Dieu beaucoup d’enfants en annonçant le Christ crucifié. Or Rachel, resplendissante de beauté, voit dans le Verbe, Dieu auprès de Dieu ; elle veut à son tour enfanter des enfants à Jacob, mais c’est en vain. C’est ainsi que la vie contemplative voudrait communiquer ce qu’elle sait.

 

Jean voit le Verbe dans la Trinité. Son charisme est d’avoir été élevé à la vision des mystères du Verbe, à une certaine expérience et expression de la transcendance. Marie, Rachel et Jean sont dans l’attente et, par éclairs, rassasiés de la vision du Verbe de Dieu dans sa vie Trinitaire. Ce n’est pas encore la vision face à face impossible ici-bas, c’est la vision en énigme et comme dans un miroir. La fruition totale de la Sagesse n’appartient qu’à la vie éternelle. C’est en servant le Verbe fait chair, qu’il nous faut apprendre à écouter le Verbe hors du temps. 

ST AUGUSTIN ET LA BIBLEA-M La Bonnardièreéditions Beauchesne, 1986, p. 411–425.

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