17ème dimanche du temps ordinaire année B
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 6,1-15
Jésus était passé de l'autre côté du lac de Tibériade (appelé aussi mer de
Galilée). Une grande foule le suivait, parce qu'elle avait vu les signes qu'il
accomplissait en guérissant les malades. Jésus gagna la montagne, et là, il
s'assit avec ses disciples.
Les miracles accomplis par notre Seigneur Jésus Christ sont vraiment des
oeuvres divines. Ils disposent l'intelligence humaine à connaître Dieu en
partant de ce qui est visible, puisque nos yeux sont incapables de le voir en
raison même de sa nature. En outre, les miracles que Dieu opère pour gouverner
l'univers et organiser toute sa création ont tellement perdu de leur valeur à
force de se répéter, que presque personne ne prend la peine de remarquer quelle
oeuvre merveilleuse et étonnante il réalise dans n'importe quelle petite graine
de semence.
C'est pourquoi il s'est réservé, dans sa bienveillance, d'accomplir au moment
choisi certaines actions en dehors du cours habituel des choses et de l'ordre
de la nature. Ainsi, ceux qui tiennent pour négligeables les merveilles de tous
les jours, restent stupéfaits à la vue d'oeuvres qui sortent de l'ordinaire et
cependant ne l'emportent pas sur celles-là. Gouverner l'univers est en vérité
un miracle plus grand que de rassasier cinq mille hommes avec cinq pains!
Personne toutefois ne s'en étonne, alors que l'on s'extasie devant un miracle
de moindre importance parce qu'il sort de l'ordinaire. Qui, en effet, nourrit
aujourd'hui encore l'univers sinon celui qui, avec quelques grains, crée les
moissons ?
Le Christ a donc fait ce que Dieu fait. Usant de son pouvoir de multiplier les
moissons à partir de quelques grains, il a multiplié cinq pains dans ses mains.
Car la puissance se trouvait entre les mains du Christ, et ces cinq pains
étaient comme des semences que le Créateur de la terre multipliait sans même
les confier à la terre.
Cette oeuvre a donc été placée sous les sens pour élever l'esprit, et elle
s'est offerte aux regards pour exercer l'intelligence. Il nous est ainsi devenu
possible d'admirer le Dieu invisible en considérant ses oeuvres visibles, Rm 1,20. Après avoir été éveillés à la foi et purifiés par elle, nous
pouvons même désirer voir sans les yeux du corps l'Être invisible que nous connaissons
à partir du visible.
En effet, Jésus a fait ce miracle pour qu'il soit vu de ceux qui se trouvaient
là, et ils l'ont mis par écrit pour que nous en ayons connaissance. Ce que les
yeux ont fait pour eux, la foi le fait pour nous. Aussi bien, nous
reconnaissons en notre âme ce que nos yeux n'ont pu voir et nous avons reçu un
plus bel éloge, puisque c'est de nous qu'il a été dit : Heureux ceux qui
croient sans avoir vu, Jn 20,29 !
D'après l'évangile, les gens dirent, à la vue du signe qu'il venait d'opérer
: Celui-ci est vraiment un prophète, Jn 6,14. Or, il était le Seigneur des prophètes, l'inspirateur des
prophètes, le sanctificateur des prophètes. Mais il était aussi un prophète,
comme cela avait été dit à Moïse : C'est un prophète comme toi que je leur
susciterai, Dt 18,18.
Le Seigneur est prophète, il est la Parole de Dieu et, sans la Parole de Dieu,
aucun prophète ne prophétise. La Parole de Dieu est avec les prophètes et la
Parole de Dieu est prophète. Dans le passé, les hommes ont mérité d'avoir des
prophètes inspirés et remplis de la Parole de Dieu, He 1,1
; nous, nous avons mérité d'avoir pour prophète la Parole même de
Dieu.
Commentaire sur l'évangile de
Jean, 24, 1.6.7; CCL 36, 244.247.
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