Une hymne de Carême nous invite à « veiller et prier dans l'attente du jour". La liturgie nous entraîne dans le cycle de la Vie, où tout recommence et se renouvelle d'âge en âge, dans une conscience qui se réveille peu à peu à la présence de l’Éternel, à la vie de celui qui est, qui était et qui vient. Joies et peines rythment nos vies. Dans l'attente, l’absence et le manque dans ces grands silences, nous recherchons ton souffle créateur. « Le souffle de Dieu planait au-dessus des eaux » (Gn 1, 2). Monique-Anne Giroux
Seigneur, je contemple les silences qui ont communiqué ta vie.
Après le silence de la nuit à Bethléem et celui de ta jeunesse vécue à Nazareth, tu as pris la parole :
« Jésus se leva pour faire la lecture... “L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres”.
Sans tarder, tu as dû faire face aux esprits, aux tempêtes, aux incompréhensions de tes amis. « Un homme de la ville, possédé par des démons, vint à sa rencontre » (Lc 8, 27).
« Les vagues se jetaient sur la barque... Lui dormait sur le coussin à l’arrière. Les disciples le réveillent et lui disent : “Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien?” » (Mc 4, 37. 38). Poursuivi, finalement jugé, tu t’es tu.
Dans le silence et la prière
« Maltraité, il s’humilie, il n’ouvre pas la bouche » (Is 53, 7). « Le grand prêtre lui dit : “Tu ne réponds rien?” » (Mt 26, 62-63).
Tu a prié dans la nuit et le silence de ta solitude à Gethsémani. « Jésus priait... Il rejoignit ses
disciples qu’il trouva endormis, accablés de tristesse » (Lc 22, 44. 46).
Sur la Croix, tu priais.
« Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23, 34).
Et là, tu as trouvé un frère, crucifié avec toi.
« Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis » (Lc 23, 43).
« Il y avait un tombeau neuf... C’est là qu’ils déposèrent Jésus » (Jn 19, 41. 42).
Le tombeau s’est refermé.
Tout semble vide, perdu dans le silence de la séparation et le désarroi devant la perte d’un être cher. Nous manquons de paroles pour aider nos proches eux-mêmes.
Dans la prière, quand tout paraît inhabité, nous percevons ton silence comme une absence. Nous veillons dans la nuit, nous cherchons ta présence. Paroles et silences tissent nos prières, nos rencontres et nos partages. Le silence peut être pesant, il peut aussi créer un espace où tout peut être
dit, entendu, sans condamnation. Ouvert à l’espérance, il peut être promesse d’une nouvelle naissance.
« Amen, je te le dis : à moins de naître d’en haut, on ne
peut voir le royaume de Dieu » (Jn 3, 3).
L’homélie ancienne du Samedi saint exprime ce silence
qui ouvre à l’espérance :
« Que se passe-t-il ? “Aujourd’hui grand silence sur la terre – et ensuite solitude – parce que Dieu s’est endormi
dans la chair. Il veut visiter ceux qui demeurent dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort. C’est vers l’homme captif que Dieu se dirige pour le délivrer. Il le relève :
“C’est moi qui, pour toi, te parle maintenant... Éveille-toi, relève-toi, sois illuminé.” »
Tissé de paroles et de silences, ton langage m’invite à faire silence pour écouter le langage de la Révélation. C’est dansle silence, la solitude et la nuit, que se réalise le triomphe
de ta Résurrection, la victoire de Dieu sur le péché, expression de la totale union entre Jésus et son Père.
Notre cœur n’est-il pas tout brûlant lorsque nous te reconnaissons dans ta Parole... Fais-toi reconnaître dans les situations que nous vivons (cf. Lc 24, 13-35). Ton peuple se souvient du passage de la mer Rouge, de sa longue marche au désert. En ce soir où le feu flamboie, Seigneur, embrase nos cœurs au feu de ton amour.
Et notre joie éclate en cette nuit de Pâques
« Nous te louons, splendeur du Père. Jésus, Fils de Dieu.
Qu’éclate dans le ciel la joie des anges, qu’éclate de partout la joie du monde, qu’éclate dans l’Église la joie des fils de Dieu, La lumière éclaire l’Église, la lumière éclaire la terre, peuples, chantez... Demain se lèvera l’aube nouvelle d’un monde rajeuni dans la Pâque de ton Fils! Et que règnent la
Paix, la Justice et l’Amour, et que passent tous les hommes de cette terre à ta grande maison, par Jésus Christ! »
Tout est allégresse en cette nuit de Pâques. La chasuble blanche ou dorée symbolise la joie de la lumière, le cierge pascal va rester allumé jusqu'à la Pentecôte pour rappeler la présence du Christ. Les flammes de nos cierges scintillent.
« Je suis la lumière du monde. Qui me suit aura la lumière de la Vie» (Jn 8, 12).
Seigneur je te rends grâce pour ton œuvre que tu poursuis.
Tu renouvelles ton alliance avec ton peuple.
Tu te fais proche de chacun de nous.
Tu te fais reconnaître à Marie de Magdala désemparée et
tu l’envoies auprès des disciples (cf. Jn 20, 11-18).
Tu te révèles à tes disciples et tu les envoies en leur communiquant ton Esprit Saint (cf. Jn 20, 19-23).
Tu confirmes Thomas dans sa foi, et tu l’invites à croire sans voir (cf. Jn 20, 24-29).
Tu te manifestes lors de la pêche miraculeuse et le partage du repas (cf. Jn 21, 1-14).
Tu apparais aux onze disciples (cf. Lc 24, 36-50).
Tu confies à Pierre sa mission (cf. Jn 21, 15-19).
Et ton œuvre se déploie sans fin : « Jésus a fait encore bien d’autres choses, et si on les écrivait une à une, le monde entier ne pourrait, je pense contenir le livre qu’on écrirait, Jn 21.25.
UNE PRIERE
La nuit a été longue, et nous avons péché
toute la nuit sans rien prendre.
Le matin, tu apparais incognito sur le rivage,
sur ton appel, nous jetons les filets.
Les poissons sont abondants,
et Pierre te reconnaît.
Donne-nous d’écouter ta parole,
de la mettre en pratique, de chercher
ta présence sans jamais nous lasser,
Et de savoir la manifester à tous,
dans une foi renouvelée.
L’aurore pointe. La nuit devient lumière.
La lumière brille sur le monde et le transfigure.
La vie jaillit en nos cœurs. Tout renaît
et chante la gloire de Dieu. Le Christ a vaincu
la mort, il a tiré les morts à la vie.
Ta parole nous rejoint et nous entraîne
dans ce passage de nos ombres vers
ta lumière de Ressuscité.
Que tous bénissent ton Nom, à jamais.
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