samedi 25 janvier 2025

Origène, 3ème s, Ecouter la Parole

 

Dimanche de la Parole de Dieu.

Voici ce qu’en dit le pape François : « J’établis que le 3e dimanche du Temps Ordinaire soit consacré à la célébration, à la réflexion et à la proclamation de la Parole de Dieu. 

                                                     

 

La Parole de Dieu viendra ainsi se situer à un moment opportun de cette période de l’année, où nous sommes invités à renforcer les liens avec la communauté juive et à prier pour l’unité des chrétiens. »

 

 


  • Lorsque Jésus, dans la puissance de l’Esprit, revint en Galilée, il enseignait dans les synagogues, et tout le monde faisait son éloge. Quand Jésus referma le livre après avoir fait la lecture dans le livre du prophète Isaïe, tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur Lui, Lc 4, 15. 20.

     

     

Quand vous lisez que Jésus enseignait dans les synagogues, et que tout le monde faisait son éloge, gardez-vous de n’estimer heureux que ces gens-là et de vous croire privés de son enseignement.

Si les Écritures sont vraies, le Seigneur n’a pas parlé seulement en ce temps-là, dans les assemblées juives, mais il parle également aujourd’hui dans notre assemblée. Et Jésus enseigne non seulement dans notre assemblée, mais dans d’autres encore, dans le monde entier. Jésus cherche des serviteurs de la Parole pour répandre son enseignement.

Priez pour qu’il me trouve, moi aussi, disposé et apte à le chanter.

En ce moment aussi, dans notre assemblée, vous pouvez, si vous le voulez, fixez les yeux sur le Sauveur. Car, lorsque vous tenez le regard le plus profond de votre cœur attaché à la contemplation de la sagesse, de la vérité et du Fils unique de Dieu, vos yeux sont fixés sur Jésus.

Comme je voudrais que tous, nous regardions Jésus avec les yeux non du corps, mais de l’âme !

Origène, 3ème siècle. Théologien égyptien. Père de l’Église. 

Les chemins de la grâce, T 2, Monique-Anne Giroux, 8. 

 

samedi 18 janvier 2025

Homélie attribuée à saint Maxime de Turin (+ vers 415), Le vin nouveau de la vraie joie


 Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 2,1-11

 

 

Il y avait un mariage à Cana en Galilée. La mère de Jésus était là. Jésus aussi avait été invité au repas de noces avec ses disciples.






Le Fils de Dieu est donc allé aux noces pour sanctifier par sa présence bénie le mariage qu'il avait institué par une décision souveraine. Il est allé à des noces célébrées selon l'ancienne coutume, en vue de se choisir dans la société des païens une épouse qui resterait toujours vierge. Lui qui n'est pas né d'un mariage humain est allé aux noces. Il y est allé non point pour prendre part à un joyeux banquet, mais pour se révéler par un exploit vraiment admirable. Il est allé aux noces non pour boire des coupes de vin, mais pour en donner. Car, dès que les invités manquèrent de vin, la bienheureuse Marie lui dit : Ils n'ont pas de vin. Jésus apparemment contrarié lui répondit : Femme, que me veux-tu,
Jn 2,3-4 ?

De telles paroles sont, sans aucun doute, le signe d'un mécontentement. Elles s'expliquent pourtant, à mon avis, par le fait que la mère lui avait signalé d'une manière inattendue qu'on manquait d'une boisson matérielle, alors qu'il était venu offrir aux peuples de la terre entière le calice nouveau de l'éternel salut. En répondant : Mon heure n'est pas encore venue,
Jn 2,4, il prophétisait certainement l'heure très glorieuse de sa passion, ou bien le vin de notre rédemption qui procurerait la vie à tous. Car Marie demandait une faveur temporelle, tandis que le Christ préparait une joie éternelle.

Le Seigneur très bon n'a toutefois pas hésité à accorder cette grâce moindre, alors que de grandes grâces étaient attendues. La bienheureuse Marie, parce qu'elle était véritablement la mère du Seigneur, voyait par la pensée ce qui allait arriver et connaissait d'avance la volonté du Seigneur. Aussi prit-elle bien soin d'avertir les serviteurs par ces mots: Faites tout ce qu'il vous dira,
Jn 2,5. Sa sainte mère savait assurément que la parole de reproche tombée de la bouche de son fils, le Seigneur, ne cachait pas le ressentiment d'un homme en colère, mais contenait une mystérieuse compassion.

Alors, pour rassurer sa mère déconcertée par cette réprimande, le Seigneur révéla aussitôt son pouvoir souverain. Il dit aux serviteurs qui attendaient : Remplissez d'eau les cuves,
Jn 2,7. Les serviteurs, dociles, s'empressèrent d'obéir. Et voici que d'une manière soudaine et merveilleuse, ces eaux commencèrent à recevoir de la force, à prendre de la couleur, à répandre une bonne odeur, à acquérir du goût, et en même temps à changer entièrement de nature. Et cette transformation des eaux en une autre substance a manifesté la présence de la puissance créatrice. Personne, en vérité, hormis celui qui a créé l'eau de rien, ne peut la transformer en une substance destinée à d'autres usages.

Il n'y a aucun doute, mes bien-aimés, que celui-là même qui a changé l'eau en vin, lui a donné aussi, à l'origine, la consistance de la neige et la dureté de la glace. Il l'a changée en sang pour les Égyptiens. Pour étancher la soif des Hébreux, il lui a ordonné de couler d'un dur rocher, dont il a fait jaillir, comme du sein d'une mère, une source nouvelle qui a fait vivre une multitude innombrable de peuples.

Tel fut, dit l'Écriture, le commencement des signes que Jésus accomplit. C'était à Cana en Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui,
Jn 2,11. La foi des disciples ne s'appliquait pas du tout à ce qui s'accomplissait sous leurs yeux, mais à ce que les yeux du corps ne peuvent voir. Ils ont cru, non que Jésus Christ était le fils d'une vierge, car ils le savaient, mais qu'il était aussi le Fils unique du Très-Haut, ce dont le miracle leur fournissait la preuve.

Voilà pourquoi, mes frères, nous devons croire, nous aussi, de tout notre coeur, que celui-là même que nous appelons le fils de l'homme, est également le Fils de Dieu. Puisqu'il était présent aux noces en tant qu'homme, et qu'il a changé l'eau en vin en tant que Dieu, croyons que non seulement il partage notre nature, mais aussi qu'il est par nature égal au Père, afin que notre Seigneur, dans sa bonté, veuille nous donner à boire, en raison de cette foi, le vin très pur de sa grâce.

Homélie 23: PL 57. 274-276
Clerus.org

samedi 11 janvier 2025

Saint Hippolyte +236, Les cieux s'ouvrirent

 

Baptême du Seigneur        12 janvier 2025



Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 3,15.16.21-22

Le peuple venu auprès de Jean Baptiste était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n'était pas le Messie.






Dès que Jésus fut baptisé, il sortit de l'eau; voici que les cieux s'ouvrirent, et il vit l'Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Et des cieux, une voix disait : "Celui-ci est mon Fils bien-aimé; en lui j'ai mis tout mon amour,
Mt 3,16-17.

Voyez, mes bien-aimés, combien nous aurions subi la perte de biens nombreux et importants, si le Seigneur avait cédé à l'invitation de Jean et n'avait pas reçu le baptême. Auparavant les cieux étaient fermés, notre patrie d'en haut était inaccessible. Après être descendus au plus bas, nous ne pouvions plus regagner les hauteurs. Le Seigneur n'a pas été seul à recevoir le baptême. Il a renouvelé le vieil homme et il lui a confié de nouveau le sceptre de l'adoption divine. Car aussitôt les cieux s'ouvrirent. Les réalités visibles se sont réconciliées avec les invisibles ; les hiérarchies célestes ont été comblées de joie ; sur la terre les maladies ont été guéries ; ce qui était demeuré caché s'est révélé ; ce que l'on rangeait parmi les ennemis est devenu amical. Car vous avez entendu l'évangéliste vous dire : les cieux eux-mêmes s'ouvrirent, pour les trois merveilles que voici. Il fallait ouvrir au Christ, l'Époux, les portes de la chambre nuptiale. Semblablement, comme l'Esprit descendait sous la forme d'une colombe et que la voix du Père retentissait en tout lieu, il fallait que s'élèvent les portes du ciel,
Ps 23,7. Et voici que les cieux s'ouvrirent et qu'une voix se fit entendre, qui disait: "Celui-ci est mon Fils bien-aimé; en lui j'ai mis tout mon amour. "

Ce Fils bien-aimé, qui apparaît ici-bas, ne s'est pourtant pas séparé du sein du Père: il est apparu sans apparaître. Ce qui apparaissait était différent, car, à ce qu'il semblait, le baptiseur était supérieur au baptisé. C'est pourquoi le Père envoya l'Esprit Saint sur le baptisé. Car, de même que, dans l'arche de Noé, la colombe a manifesté l'amour de Dieu pour les hommes, ainsi maintenant, l'Esprit, descendant sous cette apparence, pareil à celle qui apportait une pousse d'olivier, s'est arrêté au-dessus de celui à qui il rend témoignage. Pourquoi ? Pour que l'on constate avec certitude que c'est bien la voix du Père, et que l'on ajoute foi à la prédiction prophétique annoncée longtemps auparavant. Quelle prédiction ? La voix du Seigneur domine les eaux, le Dieu de la gloire déchaîne le tonnerre, le Seigneur domine la masse des eaux,
Ps 28,3. Que dit cette voix ? Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; en lui j'ai mis tout mon amour.

Je vous en prie, écoutez-moi attentivement : je veux remonter à la source de la vie et contempler la source d'où jaillissent les guérisons. Le Père de l'immortalité a envoyé dans le mon de son Fils vivant, son Verbe. Celui-ci est venu vers l'homme pour le laver dans l'eau et dans l'Esprit. Il l'a fait renaître pour rendre incorruptibles son âme et son corps, il a éveillé en nous son souffle de vie, il nous a revêtus d'une armure incorruptible.

Je proclame donc, avec la voix du héraut : Venez, toutes les tribus des nations, au bain de l'immortalité ! Par ce joyeux message, je vous annonce la vie, à vous qui demeurez encore dans la nuit de l'ignorance. Venez de la servitude à la liberté, de la tyrannie à la royauté, de la corruption à l'incorruptibilité. Vous voulez savoir comment ? Par l'eau et par l'Esprit Saint, cette eau par laquelle l'homme régénéré est vivifié, cet Esprit, ton Défenseur, envoyé pour toi, afin de montrer que tu es Fils de Dieu.


Sermon sur la sainte Théophanie 6-9; PG 10, 858-859.

Clerus homéliaires



samedi 4 janvier 2025

Guerric d'Igny, Maintenant tu es venue, ô ma lumière

 


Bienheureux Guerric d’Igny
(+ 1157)
Moine cistercien, ami de saint Bernard.

, Troisième sermon pour l’Épiphanie, Source Chrétienne, n. 166, p. 271.

Mathieu 2,1-12   Epiphanie

 


Maintenant tu es venue, ô ma Lumière

«Lève-toi, resplendis, Jérusalem, car elle est venue, ta lumière ! », Is 60, 1.
 
Sois bénie, Lumière «venue au nom du Seigneur» !
 
 
«Le Seigneur est Dieu et il a brillé sur nous», Ps 117, 26-27. Par sa bienveillance, ce jour sanctifié par l’illumination de l’Église a brillé sur nous. C’est pourquoi nous te rendons grâce, «Lumière véritable qui éclaire tout homme venant en ce monde», Jn 1, 9, et qui, pour cela précisément, es venue dans le monde en prenant une forme humaine. Elle resplendit Jérusalem, notre mère , Ga 4, 26, mère de tous ceux qui ont mérité d’être illuminés ; elle éclaire désormais tous ceux qui sont dans le monde.
 
Nous te rendons grâce, Lumière véritable : tu t’es faite lampe pour éclairer Jérusalem et pour que le Verbe, la Parole de Dieu, devienne «la lampe de mes pas», Ps 118, 105… Et elle n’a pas seulement été illuminée, elle a été « élevée sur un lampadaire », tout en or massif, Mt 5, 15 ; Ex 25, 31. La voilà devenue «la ville située au sommet des montagnes», Mt 5, 14…pour que son Évangile brille aussi loin que s’étendent les empires du monde…
 
Dieu, toi qui illumines toutes les nations, pour toi nous avons chanté : «Le Seigneur va venir, il illuminera les yeux de ses serviteurs». Maintenant tu es venue, ô ma Lumière : «Illumine mes yeux, pour que je ne m’endorme jamais dans la mort», Ps 12, 4…
 
Tu es venue, Lumière des croyants, et aujourd’hui tu nous as donné la joie d’être illuminés par la foi, qui est notre lampe. Donne-nous aussi toujours la joie de voir s’éclairer ce qui reste en nous de ténèbres…
 
Voilà la route qu’il faut prendre, âme fidèle, pour parvenir à la patrie où « Les ténèbres seront comme midi», Is 58, 10 et «la nuit sera claire comme le jour»,  Ps 138, 12.  Alors  «tu verras et tu seras radieuse, ton cœur s’émerveillera et se dilatera», lorsque toute la terre sera remplie de la majesté de la lumière infinie et que «sa gloire sera manifestée en toi», Is 60, 5.2… «Venez, marchons à la lumière du Seigneur !», Is 2, 5. Alors «en fils de lumière » nous marcherons «de clarté en clarté, comme conduits par le Seigneur qui est Esprit», 2 Co 3, 18.