lundi 16 novembre 2020

Dominique Greiner, A.A., Les œuvres de miséricorde

 Mt 25,31-46,    22 novembre 2020, Christ roi


La tradition retient deux sortes d’œuvres d’amour (ou de miséricorde) : les oeuvres corporelles et les oeuvres spirituelles.

Les œuvres corporelles, ce  sont : vêtir celui qui est nu ; donner l’hospitalité ; visiter les malades et les prisonniers ; nourrir ceux qui ont faim ; donner à boire à ceux qui ont soif ; ensevelir les morts.

 

Les six premières œuvres corporelles ont leur source dans le chapitre 25 de l’Évangile de saint Matthieu (31-46). Le texte de Matthieu décrit le jugement final. Le Fils de l’homme placé sur son trône de gloire convoque toutes les nations et énonce le critère d’entrée dans son royaume : « Car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire, j’étais un étranger et vous m’avez accueilli, nu et vous m’avez vêtu, malade et vous m’avez visité, prisonnier et vous êtes venu me voir (…). Tout ce que vous avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.»

L’ensevelissement des morts apparaît au cours du XIIe siècle.

Les œuvres spirituelles sont également au nombre de sept : instruire les ignorants ; prier pour le prochain ; consoler les affligés ; reprendre les pécheurs ; supporter celui qui est à charge ; conseiller son prochain dans le doute ; pardonner les offenses.

Les œuvres spirituelles  reprennent diverses exhortations que l'on trouve dans le Nouveau Testament. Elles peuvent aussi être lues comme le déploiement sur le plan spirituel des œuvres corporelles. Un propos attribué à saint Jean Chrysostome († 407) résume cette perspective : « On ne compte pas dans l'Église que des pauvres de corps, dont le corps est affamé ou sans abri. Il y a aussi ceux qui sont pauvres spirituellement, privés de la nourriture de la justice, de la boisson de la connaissance de Dieu, du vêtement du Christ… Il y a les étrangers au cœur sans abri, d'autres au courage chancelant, les spirituellement aveugles, les sourds emmurés dans leur désobéissance, ceux qui souffrent de toutes sortes de maladies spirituelles, et qui sont si malades qu'ils ont peur de recevoir une nourriture spirituelle".

Les œuvres de miséricorde sont à l'image de la miséricorde de Dieu. Aimer le prochain, aimer comme le Christ aime et à aimer le Christ dans le prochain.

Les œuvres de miséricorde se rapprochent du commandement de l'amour des ennemis « À travers lui, on comprend le mieux ce qu'il en est de l'agapè ou de la miséricorde : une initiative gratuite vers l'autre à travers laquelle se réalise ce qui est au fondement même des interdits du Décalogue, permettre à l'autre d'être reconnu et d'exister en tant qu'autre. » Cette initiative ne se limite pas à l'aumône mais est aussi un appel à la justice, à un engagement social et politique en faveur de l'éradication des injustices. « Nourrir les affamés, donner à boire aux assoiffés, visiter les malades, tout cela est en rapport avec les structures caritatives, avec les lois, les institutions, les organismes qui sont les rouages de la charité. Ainsi sont nés des hôpitaux, des réseaux et installations sociales ».

Dans le texte de Matthieu 25, ceux qui n'ont pas posé les gestes requis à l'égard de ceux qui étaient dans le besoin sont déclarés « maudits » et voués au « feu éternel ». L'accès au salut semble donc bien passer par les œuvres qui sont des manières d'exprimer sa foi, d'en témoigner et de l'approfondir. 

Dans le même temps, la surprise qui saisit aussi bien les justes que les maudits « Quand nous est-il arrivé de te voir affamé… ? ») dispense les croyants de tenir une comptabilité des œuvres accomplies ou omises :  il ne leur appartient pas de déterminer comment ce qu'ils font ou ne font pas à autrui atteint Jésus, le Fils de l'homme, qui s'identifie aux plus petits. Si la pratique des œuvres d'amour est nécessaire au salut, elle ne constitue pas pour autant une garantie pour l'entrée dans le Royaume de Dieu. Le jugement de qui est digne d'avoir part à ce Règne est une prérogative de Dieu seul,« sonde les cœurs et les reins ».

Extrait de https://www.la-croix.com/Religion/Les-oeuvres-misericorde-

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