mardi 10 décembre 2024

Origène, + 253, Il tient la pelle à vanner

 3ème dimanche du temps de l'avent

Evangile de Jésus Christ selon saint Luc  3,10-18

Les foules qui venaient se faire baptiser par Jean lui demandaient : "Que devons-nous faire ?" Jean leur répondait : "Celui qui a deux vêtements, qu'il partage avec celui qui n'en a pas; et celui qui a de quoi manger, qu'il fasse de même ! "





Le baptême par lequel Jésus baptise est dans l'Esprit Saint et dans le feu, Lc 3,17. Si tu es saint, tu seras baptisé dans l'Esprit Saint; si tu es pécheur, tu seras plongé dans le feu. Le même baptême deviendra condamnation et feu pour les pécheurs indignes; mais les saints, ceux qui se convertissent au Seigneur avec une foi entière, recevront la grâce du Saint-Esprit et le salut.

Donc, celui qui est dit baptiser dans l'Esprit Saint et dans le feu tient la pelle à vanner et va nettoyer son aire à battre le blé ; il amassera le grain dans son grenier ; quant à la paille, il la brûlera au feu qui ne s'éteint pas, Lc 3,17-18. Je voudrais découvrir pour quel motif notre Seigneur tient la pelle à vanner, et par q uel souffle la paille légère est emportée ça et là, tandis que le blé, plus lourd, s'accumule en un seul lieu, car, si le vent ne souffle pas, on ne peut séparer le blé de la paille.

Je crois que le vent doit s'entendre des tentations qui, dans la masse mélangée des croyants, révèlent que les uns sont de la paille, les autres, du froment. Car, lorsque votre âme a été dominée par une tentation, ce n'est pas la tentation qui l'a changée en paille, mais c'est parce que vous étiez de la paille, c'est-à-dire des hommes légers et sans foi, que la tentation a dévoilé votre nature cachée. En revanche, quand vous affrontez courageusement les tentations, ce n'est pas la tentation qui vous rend fidèles et constants; elle révèle seulement les vertus de constance et de courage qui étaient en vous, mais de façon cachée. Penses-tu, dit le Seigneur, que j'avais un autre but, en parlant ainsi, que de faire apparaître ta justice, Jb 40,3 LXX)? Et il dit ailleurs : Je t'ai affligé et je t'ai fait sentir la faim pour manifester ce que tu avais dans le cœur, Dt 8,3-5.

De la même manière, la tempête ne rend pas solide l'édifice bâti sur le sable, Mt, 7,24-25. Mais, si tu veux bâtir, que ce soit sur la pierre. Alors, quand la tempête se lèvera, elle ne renversera pas ce qui est fondé sur la pierre ; mais pour ce qui vacille sur le sable, elle montre aussitôt que ses fondations ne valent rien. Aussi, avant que s'élève la tempête, que se déchaînent les rafales de vent, que débordent les torrents, tandis que tout demeure encore en silence, tournons toute notre attention sur le fondement de l'édifice, construisons notre demeure avec les pierres variées et solides des commandements de Dieu; quand la persécution se déchaînera et qu'une cruelle tourmente s'élèvera contre les chrétiens, nous pourrons montrer que notre édifice est fondé sur la pierre, le Christ Jésus.

Mais si quelqu'un le renie - que ce malheur nous soit épargné ! - qu'il le sache bien: ce n'est pas au moment où son reniement est devenu visible qu'il a renié le Christ ; il portait en lui des semences et des racines de reniement déjà anciennes; mais c'est plus tard qu'on a découvert ce qu'il portait et qui, alors, devenait public.

Aussi, prions le Seigneur pour que nous soyons un édifice solide, qu'aucune tempête ne peut renverser, parce que fondé sur la pierre, sur notre Seigneur Jésus Christ, à qui appartiennent la gloire et la puissance pour les siècles des siècles. Amen.

 Homélies sur saint Luc, 26, 3-5; SC 87, 340-342.

Clerus, homéliaire.

jeudi 5 décembre 2024

Origène + 253, Prépare votre coeur

 2e dimanche de l'avent C

Saint Luc 3,1-6

 
L'an quinze du règne de l'empereur Tibère, 

Ponce Pilate étant gouverneur de Judée, 

Hérode, prince de Galilée, son frère 

Philippe, prince du pays d'Iturée et de Traconitide, 

Lysanias, prince d'Abilène, 

les grands prêtres étant Anne et Caïphe, 

la parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, fils de Zacharie.


La parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, fils de Zacharie, et il parcourait toute la région du Jourdain, Lc 3,2-3. Ce sont évidemment ces lieux proches du Jourdain que Jean devait parcourir : ainsi celui qui voulait faire pénitence pourrait facilement être plongé dans l'eau.

Le nom de "Jourdain" signifie : "celui qui descend." Le fleuve de Dieu "qui descend" avec la puissance d'un flot abondant, c'est le Sauveur, notre Seigneur, en qui nous sommes baptisés dans l'eau véritable, dans l'eau du salut.

Jean Baptiste prêche un baptême pour le pardon des péchés, Lc 3,4 : "Venez, catéchumènes, faites pénitence afin de recevoir le baptême pour le pardon des péchés. Il reçoit ce baptême pour le pardon des péchés, celui qui cesse d'en commettre. Mais celui qui vient au baptême en demeurant dans le péché, ses péchés ne lui sont pas pardonnes. Ainsi, je vous en conjure, ne venez pas au baptême sans réflexion et examen attentif: donnez d'abord des fruits qui expriment votre conversion, Lc 3,8. Ayez pendant quelque temps une conduite honorable, gardez-vous purs de toutes les souillures et de tous les vices, et vous recevrez le pardon de vos péchés quand vous aurez commencé vous-mêmes à mépriser vos propres péchés. Quittez ces fautes, et l'on vous en tiendra quittes.

La citation de l'Ancien Testament, qui est alléguée ensuite, se lit chez le prophète Isaïe: Voix de celui qui crie dans le désert: Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers, Is 40,3. Quel chemin allons-nous préparer pour le Seigneur ? Un chemin matériel ? Mais la Parole de Dieu suit-elle un pareil chemin ? Ou faut-il préparer au Seigneur une route intérieure, et ménager dans notre coeur des sentiers droits et unis ? Tel est le chemin par lequel est entré le Verbe de Dieu qui s'installe dans le coeur humain, capable de l'accueillir.

Il est grand le coeur de l'homme, il est spacieux et hospitalier, pourvu qu'il soit pur. Voulez-vous connaître son ampleur et sa largeur ? Voyez quelle abondance de connaissances divines il peut embrasser ! Il le dit lui-même: Il m'a donné une connaissance exacte du réel. Il m'a appris la structure de l'univers et l'activité des éléments, le commencement, la fin et le milieu des temps, les alternances des solstices et les changements de saisons, les cycles de l'année et les positions des astres, les natures des animaux et les humeurs des bêtes sauvages, les impulsions violentes des esprits et les pensées des hommes, les variétés des plantes et les vertus des racines, Sg 7,17-23. Vous voyez qu'il n'est pas petit, le coeur des hommes, pour embrasser tant de choses! Entendez cette grandeur non de ses dimensions physiques, mais de la puissance de sa pensée, capable d'embrasser une aussi grande connaissance de la vérité.

Pour amener tous les gens simples à reconnaître la grandeur du coeur humain, j'apporterai quelques exemples familiers. Toutes les villes que nous avons traversées, nous les gardons dans notre esprit : leurs caractéristiques, la situation des places, des remparts et des édifices demeurent dans notre coeur. Le chemin que nous avons parcouru, nous le conservons dessiné et inscrit dans notre mémoire; la mer où nous avons navigué, nous la contenons dans notre pensée silencieuse. Je le répète, il n'est pas petit le coeur qui peut embrasser tant de choses ! Et s'il n'est pas petit pour embrasser tant de choses, on peut bien y préparer le chemin du Seigneur et rendre droit son sentier, pour que puisse y marcher celui qui est la Parole et la Sagesse. Préparez le chemin du Seigneur par une conduite honorable, par des oeuvres excellentes; aplanissez le sentier afin que le Verbe de Dieu marche en vous sans rencontrer d'obstacle et vous donne la connaissance de ses mystères et de son avènement, lui à qui appartiennent la gloire et la puissance pour les siècles des siècles. Amen, 1 P 4,11.

Clerus homéliaires