samedi 28 décembre 2024

Origène + 253, Cherchez Jésus

 Sainte famille

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 2,41-52

Chaque année les parents de Jésus allaient à Jérusalem pour la fête de la Pâque. Quand il eut douze ans, ils firent le pèlerinage selon la coutume.



Comme il avait douze ans, il demeure à Jérusalem. Ne sachant où il est, ses parents le cherchent avec inquiétude et ne le trouvent pas. Ils le cherchent
parmi leurs parents, ils le cherchent parmi leurs compagnons de route, ils le cherchent parmi leurs connaissances (Lc 2,44), et ils ne le trouvent pas. Jésus est donc recherché par ses parents, par son père nourricier qui l'avait accompagné dans sa descente en Égypte, et pourtant ils ne le trouvent pas aussitôt qu'ils le cherchent. Car on ne trouve pas Jésus parmi les parents et parmi les proches selon la chair, parmi ceux qui lui sont unis par le corps. Mon Jésus ne peut être trouvé dans la foule.

Apprenez-donc où l'ont découvert ceux qui le cherchaient, afin que vous aussi, en le cherchant avec Marie et Joseph, vous puissiez le découvrir. A force de le chercher, dit l'évangéliste,
ils le trouvèrent dans le Temple, Lc 2,46. Non pas n'importe où, mais dans le Temple, et là, en outre, au milieu des docteurs de la Loi qu'il écoutait et interrogeait, Lc 2,46-47. Vous aussi, cherchez Jésus dans le Temple de Dieu, cherchez-le dans l'Église, cherchez-le auprès des maîtres qui sont dans le Temple et n'en sortent jamais. Si vous cherchez ainsi, vous le trouverez. Mais si quelqu'un se dit un maître, et ne possède pas Jésus, il n'est maître que de nom, et on ne peut trouver auprès de lui Jésus, qui est le Verbe et la Sagesse de Dieu.

Ils le trouvent assis au milieu des docteurs, et non seulement assis, mais les interrogeant et les écoutant. Maintenant encore Jésus est ici: il nous interroge et il nous écoute parler.
Et tous étaient dans l'admiration, Lc 2,48, A propos de quoi? Non de ses interrogations, bien qu'elles fussent admirables, mais de ses réponses, Lc 2,47.

Dans la sainte Écriture, "répondre" ne désigne pas un simple dialogue, mais un enseignement. Que la loi divine te l'apprenne:
Moïse parlait, et Dieu lui répondait par sa voix, Ex 19,19. Tantôt Jésus interroge, tantôt il répond et, nous l'avons dit, bien que son interrogation soit admirable, sa réponse l'est bien davantage. Pour que nous puissions l'entendre, nous aussi, et qu'il nous propose des questions qu'il résoudra lui-même, supplions-le et cherchons-le avec beaucoup d'efforts et de douleur, et alors nous pourrons trouver celui que nous cherchons. Ce n'est pas pour rien qu'il est écrit: Moi et ton père, nous te cherchions tout affligés, Lc 2,49. Celui qui cherche Jésus ne doit pas chercher avec négligence, mollement, par intermittence, ainsi que certains le cherchent et qui, à cause de cela, ne peuvent le trouver. Quant à nous, disons: Nous te cherchons tout affligés.

Et quand nous lui aurons parlé ainsi, il répondra à notre âme qui se fatigue à le chercher dans la douleur :
Ne le saviez-vous pas ? C'est chez mon Père que je dois être, Lc 2,49-50.

Homélies sur saint Luc, 18, 2-5; GCS 9, 112-113; SC 87, 266-271

Clerus.org

ou bien


du Pape Benoît XVI, lors de l'angélus jour de la sainte famille


En ce dernier dimanche de l'année, nous célébrons la fête de la Sainte Famille de Nazareth.J'adresse avec joie mes salutations à toutes les familles du monde, en leur souhaitant la paix et l'amour que Jésus nous a donnés en venant parmi nous à Noël.

Dans l'Evangile, nous ne trouvons pas de discours sur la famille, mais un événement qui vaut davantage que toute parole: Dieu a voulu naître et grandir dans une famille humaine. De cette manière, il l'a consacrée comme voie première et ordinaire de sa rencontre avec l'humanité.

Dans la vie passée à Nazareth, Jésus a honoré la Vierge Marie et le juste Joseph, en demeurant soumis à leur autorité pendant toute la période de son enfance et de son adolescence, Lc 2,51-52. Ainsi, il a mis en lumière la valeur primordiale de la famille dans l'éducation de la personne. Par Marie et Joseph, Jésus a été introduit dans la communauté religieuse, en fréquentant la synagogue de Nazareth. Avec eux, il a appris à faire le pèlerinage de Jérusalem, comme le raconte le passage évangélique que la liturgie d'aujourd'hui propose à notre méditation. Lorsqu'il eut douze ans, il demeura dans le Temple, et ses parents mirent trois jours à le retrouver. Par ce geste, il leur fit comprendre qu'il devait "être aux affaires de son Père", c'est-à-dire s'occuper de la mission que Dieu lui avait confiée, Lc 2,41-52.

Cet épisode évangélique révèle la vocation la plus authentique et la plus profonde de la famille: c'est-à-dire celle d'accompagner chacun de ses membres sur le chemin de la découverte de Dieu et du dessein qu'Il a préparé à son égard. Marie et Joseph ont éduqué Jésus avant tout par leur exemple: à travers ses parents, Jésus a connu toute la beauté de la foi, de l'amour pour Dieu et pour sa Loi, ainsi que les exigences de la justice, qui trouve son plein accomplissement dans l'amour, Rm 13,10. Il a appris d'eux qu'il faut en premier lieu accomplir la volonté de Dieu, et que le lien spirituel vaut plus que celui du sang.

La Sainte Famille de Nazareth est vraiment le "prototype" de toute famille chrétienne qui, unie dans le Sacrement du mariage et nourrie par la Parole et l'Eucharistie, est appelée à réaliser l'extraordinaire vocation et mission d'être une cellule vivante non seulement de la société, mais de l'Eglise, signe et instrument d'unité pour tout le genre humain.

Angelus Benoit XVI

https://www.clerus.org/bibliaclerusonline



dimanche 22 décembre 2024

TEXTE PRESENTATION DU CHARISME ORANTE DE L ASSOMPTION A VITRY

 LIEN https://www.youtube.com/watch?v=ocQh3kxlvf

 

LES ORANTES de L’ASSOMPTION, Institut international de vie contemplative.

Dirigée spirituellement pendant 30 ans par le Père François PICARD, Religieux Assomptionniste, Isabelle de CLERMONT-TONNERRE comtesse d’URSEL a reçu dans sa prière en 1887 l’appel à fonder une congrégation nouvelle en France, dans un pays déchristianisé au 19ème siècle. Ce sera une vie contemplative en proximité du monde.

Nous avons été fondées le 8 décembre 1896, rue Berton à Paris, chez les Oblates de l’Assomption. Ce jour-là, le Père PICARD annonce : « Nous avons ouvert ce matin la petite œuvre de Passy. Notre famille de l’Assomption possédait à peu près toutes les branches d’activité. Il lui manquait cette petite famille consacrée à la prière, à l’étude et à la mortification ».

Nous sommes nées en Assomption, pour prier pour les membres et les œuvres de l’Assomption, pour les prêtres, pour l’Église et pour le monde. Nous partageons avec les autres congrégations de l’Assomption la même passion du règne de Dieu selon cette devise : Que ton règne vienne.

Notre mission dans l’Église est de continuer la prière ininterrompue et unanime de la Vierge Marie et des premiers disciples, avec cette devise : « Assidues à l’enseignement des Apôtres, à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières », Ac 2,42.

« Nous nous consacrons à Dieu dans une vie de prière par la profession des conseils évangéliques vécus en communauté fraternelle ». RV 8.

  LA PRIÈRE LITURGIQUE est au cœur de la vie contemplative. Notre fondatrice lui a joint en 1895 l’adoration eucharistique très développée au 19ème siècle. Questionnaire cahier 2. Livre bleu p 17.

La vie contemplative suppose des horaires réguliers de prière, de travail et de vie en communauté. Elle s’approfondit dans l’étude, la lecture des Pères de l’Église et le ressourcement spirituel. C’est aussi dans le silence et la solitude que nous apprenons à vivre en présence de Dieu.

  Ora et labora / Prie et travaille

Suivant la tradition de prière et de travail de la vie contemplative, nous prions, et nous travaillons pour gagner notre vie. Et notre vie est organisée « de manière à ce que tout soit une vie de prière », Mère Isabelle, 18 mars 1916.

  NOTRE  SPIRITUALITÉ est christocentrique, augustinienne et eucharistique.

« Avant tout, vivez unanimes à la maison, ayant une seule âme et un seul cœur tournés vers Dieu. N’est-ce pas la raison même de votre rassemblement » ? Règle de saint Augustin 1.2.

« Notre vie s’enracine dans l’Évangile à travers la spiritualité augustinienne. Notre vie est recherche de Dieu et adoration en communauté fraternelle, dans la vérité et la charité, l’humilité et la joie, la simplicité, le travail et le partage ». RV 2.

Notre fondateur nous appelle à revenir à l'Évangile. « Pour aimer Jésus Christ, il faut le connaître, et pour le connaître, il faut étudier ses perfections dans l’Évangile. Apprenons Jésus Christ dans sa doctrine, dans ses mystères, dans les actes de sa vie. C’est l’Évangile que vous devez lire chaque jour si vous voulez entrer réellement dans la vie de notre divin Sauveur ». Père François PICARD. 23 décembre 1896.

Notre fondateur nous convie à vivre une vie eucharistique. « Le Père Picard revenait sans cesse au même sujet : - La bonté de Dieu, bonté que nous devons désirer imiter : Jésus est bon, infiniment bon. Soyons bons. La bonté, c’est le don de soi et ce don n’existe pas sans le sacrifice. Se donner, c’est s’oublier, c’est aimer les autres jusqu’à souffrir pour eux. Exercez-vous chaque jour à la bonté ». Père François PICARD. 13 décembre 1902.

« Que le Seigneur vous accorde la grâce de répandre par votre vie la bonne odeur du Christ ». Règle de saint Augustin 8.1.

  Nous vivons notre présence contemplative au monde dans le partage quotidien de notre prière liturgique et de notre présence d’adoration eucharistique, dans notre travail et dans des services ponctuels.

Nos fondateurs nous ont donné deux orientations à mettre en œuvre :

  • Susciter la prière, transmettre la foi et partager les chemins de la vie spirituelle.

  • Vivre un amour concret et engagé pour les pauvres.

Des laïcs partagent notre prière et notre spiritualité : ils sont Associés des Orantes.

Ainsi, nous parlons de notre prière apostolique et non d’activité apostolique.

Père François PICARD. 14 juin 1897.

Notre fondateur conclue ainsi ses enseignements aux Orantes : « La vie religieuse est avant tout une vie d’amour. C’est l’amour de Dieu, l’amour de Notre-Seigneur qui est le but de la vie religieuse ».

Mère Mère Isabelle. 25 août 1917.

Notre fondatrice nous recommande de creuser un chemin surnaturel dans nos âmes.

« Notre vie étant toute consacrée à Dieu, ce n’est pas seulement une partie du temps qui doit être réservée à l’oraison, mais toute notre vie. Notre âme doit toujours être prête à recevoir l’empreinte de Dieu, de la prière, de l’union avec Notre Seigneur. C’est ainsi que nous devons être à travers notre vie organisée pour nous unir à Dieu. Souvent, nous la désorganisons parce que nous croyons que ce sont les occupations extérieures qui nous troublent alors que ce sont surtout les distractions intérieures.

Quand on veut que l’eau coule vers un endroit défini, il faut creuser le sol pour lui donner un passage. De même, si nous voulons que nos pensées et nos aspirations soient transformées par la grâce, il faut creuser un chemin surnaturel dans nos âmes. Ayez à cœur de chercher Dieu véritablement. Ne vous laissez pas aller à de petits mécontentements et à des craintes, laissez-vous pénétrer de la présence de Dieu et abandonnez-vous à Lui comme à votre père. Si vous gardez des préoccupations, des désirs de paraître, de vous adonner davantage aux choses qui vous intéressent, alors vous ne creusez pas ce sentier qui doit vous conduire à l’union avec Dieu ».

samedi 21 décembre 2024

Guerric d'Igny, Le roi vient, sermon 2 pour l'avent

 


Saint Luc 1,39-45 


 « D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? »





 Sermon 2 pour l'Avent
de Guerric d'Igny abbé cistercien du 12ème siècle

1. Le Roi vient, allons à la rencontre de Notre Sauveur. Salomon a dit élégamment : « La bonne nouvelle arrivant d'un pays éloigné, c'est de l'eau fraîche pour le gosier altéré » (Pr 25,25). C'est un délicieux message que celui qui annonce l'approche du Sauveur, la réconciliation du monde avec Dieu et les biens du siècle futur. « Qu'ils sont beaux les pieds de ceux qui annoncent la paix, qui annoncent le bien ! » Ils sont nombreux, en effet, il y en a plus d'un. Oui, bien des messagers, une longue suite de messagers nous sont venus dès le commencement du monde, poussés par le même esprit : ils n'avaient tous qu'un cri, tous qu'une parole : il vient, le voilà » (Ez 39,8). Et d'où sont partis ces courriers, demandez-vous ? L'Écriture le dit : c'est « d'un pays élevé » (Is 46,11), de la terre des vivants qui est séparée par une très grande distance de cette terre des mourants. Entre eux et nous se trouve un grand abîme. C'est de là pourtant que les Prophètes ont été envoyés aussi bien que les anges, car si corporellement ils résidaient ici-bas, quand ils étaient envoyés, ils étaient transportés là-haut en esprit pour y voir et y entendre ce qu'ils devaient annoncer aux humains. Ces messagers sont l'eau rafraîchissante et le breuvage salutaire de l'âme que la soif tourmente, en effet l'envoyé qui annonce à cette âme l'arrivée ou les autres mystères du Sauveur, puise et lui verse à boire les eaux de joie des fontaines du Seigneur, en sorte qu'elle semble répondre à ce message, à Isaïe, ou à tout autre prophète, en leur adressant les paroles d'Élisabeth, parce qu'elle a reçu l'effusion du même esprit que reçut cette femme fidèle : « Et d'où me vient le bonheur que mon Seigneur s'approche de moi ? » (Luc 1, b3) Voici que depuis qu'ont retenti à mes oreilles les paroles de ce message, mon esprit a tressailli de joie en moi et brûle de se porter à la rencontre du Dieu qui vient le sauver.

2. Et en vérité, mes frères, il faut aller au devant de Jésus Christ, dans le transport de notre âme. Il faut saluer de loin celui qui fait annoncer sa délivrance à Jacob, ou du moins lui rendre ses salutations. « Je n'aurai pas de honte à saluer mon ami » dit le sage (Si 22,31) ; à combien plus forte raison n'en éprouverai-je pas à lui rendre son salut. Ô lumière salutaire de mon Sauveur et de mon Dieu ! Quelle bonté tu as eue en saluant tes serviteurs, quelle bonté plus grande encore t’a porté à les sauver ! Le salut Jésus ne serait point parfait pour toi, si tu faisais annoncer la délivrance sans l'accorder. Cette grâce, tu l'as accordée non seulement en saluant dans un baiser de paix, c'est-à-dire par ton union avec la chair, ceux à qui tu avais adressé des paroles pacifiques, mais encore en leur procurant le salut par ta mort sur la croix. Que notre esprit s'élève donc dans le transport de sa joie, qu'il coure à la rencontre de son Sauveur, qu'il l'adore et le salue en le voyant venir de loin, qu'il lui crie: « Sauve-moi, ô Seigneur, prospère ! Béni sois-tu, toi qui dois venir au nom du Seigneur ! » (Ps 117,25) Salut, ô toi qui viens nous sauver, béni sois-tu, toi qui apportes la bénédiction. Réussis donc, ô Seigneur qui viens vers les hommes les mains pleines de salut et de prospérité. Regarde, marche heureusement et règne. Le Père, le Dieu de notre salut, assurera le succès de ta démarche. Il réussira, dit le Père, dans toutes les entreprises pour lesquelles je l'ai envoyé, non selon les désirs des hommes charnels, non selon la volonté de Pierre qui avait horreur de le voir souffrir. « Et tout ce qu'il fera, prospérera » (Ps 1,3) non pas d'après la volonté précipitée des hommes, mais pour le succès de leur véritable salut. Le salut que donnent les hommes est vain, mais notre salut est l'oeuvre du Seigneur qui nous l'a assuré au prix de son sang et qui nous le donne en récompense et nous le verse en breuvage. Viens donc, ô Seigneur, sauve-moi et je serai sauvé. Viens, montre-nous ton visage et nous seront sauvés « car nous t’avons attendu » (Is 33,2). Voilà comment par l'amour et par le désir, les prophètes et les justes marchaient avec ardeur à la rencontre du Christ quand il devait venir, souhaitaient de voir des yeux du corps, s'il était possible, ce qu'ils apercevaient en esprit. Aussi le Seigneur a-t-il dit à ses disciples : « Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez. Je vous le dis, beaucoup de Prophètes et de Rois ont voulu voir ce que vous avez sous les yeux et ne l'ont pas vu ! » (Luc 10,23). Abraham, votre père, a aussi tressailli en désirant contempler mon jour, il l'a vu, mais dans les enfers, et il s'est réjoui. C'est là ce qui condamne la torpeur et la dureté de notre coeur, si notre âme ne regarde pas Jésus Christ avec un vif sentiment de joie spirituelle.

3. Nous attendons le jour anniversaire de la naissance du Christ; on nous promet avec le bon plaisir du Seigneur, la joie de le voir bientôt. L'Écriture paraît exiger de nous une joie qui élève notre esprit au-dessus de lui et le fasse se porter, si je puis parler ainsi, à la rencontre de Jésus Christ, se jeter en avant et dans son impatience de tout retard et s'efforcer de contempler les événements à venir. Tous les avertissements par lesquels l'Écriture nous engage à marcher au-devant du Seigneur se rapportent, comme je le crois, non seulement à son second avènement, mais encore à son premier. Comment cela, dites-vous ? Parce que, comme nous accourrons au second par le mouvement et le tressaillement de notre corps, de même nous devons aller vers le premier par l'affection et le mouvement du coeur. Vous le savez en effet, lorsque nous aurons repris dans la résurrection, des corps nouveaux, comme l'Apôtre nous l'enseigne, « Nous serons transportés sur les nuages au devant de Jésus Christ dans les airs et par là nous serons toujours avec le Seigneur » (1 Th 5,16). Quant à présent il ne manque pas de nuages qui soulèvent dans les airs nos esprits s'ils ne sont pas trop lourds ou trop attachés à la terre et ainsi nous serons avec le Seigneur, au moins une dernière heure. Si je ne m'abuse, vous connaissez par expérience, ce que je vous dis, vous l'avez senti lorsque les nuées ont fait entendre leur bruit, c'est-à-dire, lorsque dans l'Église ont retenti les voix des Prophètes ou des apôtres et lorsque vos sens se sont élevés, comme sur le dos des nuées, à cette hauteur et ont été ravis au point de voir en quelque sorte, la gloire du Seigneur. Alors, si je ne me trompe, a brillé à vos yeux, la vérité des paroles que le Seigneur fit tomber de. cette nuée qu'il a placée pour vous servir de char tous les jours : « Le sacrifice de louange m'honorera et c'est là la route par où je lui montrerai le salut de Dieu » (Ps 49, 23). Qu'il en soit donc ainsi, que le Seigneur vienne à vous avant son avènement et qu'il vous visite familièrement avant de venir d'une manière générale et commune. « Je ne vous laisserai pas orphelins » dit-il : « Je m'en vais et je viendrai à vous » (Jn 14,18). Et selon le mérite et le désir de chacun cet avènement où le Seigneur se réalise fréquemment en nous, dans le temps qui s'écoule entre le premier et le second en nous conformant au premier et en nous préparant au second. Il se fait actuellement en nous, pour que le Seigneur, dans le premier, ne soit pas venu en vain, ou pour que dans le dernier il n'arrive pas irrité contre nous. Par cette arrivée, il s'efforce de réformer notre orgueil en le rendant conforme à son humilité, absolument comme il réformera notre corps d'humilité et le rendra semblable à son corps glorieux qui brillera lorsqu'il reviendra sur la terre. Il faut désirer de toute l'ardeur de nos voeux et demander avec instance cet avènement familier qui nous applique la grâce du premier et nous promette le bienfait de celui de la fin des temps. « Parce que Dieu chérit la miséricorde et la vérité, le Seigneur donnera la grâce et la gloire » (Ps 83,12), la grâce dans sa miséricorde et la gloire par la vérité.

4. À raison non seulement de la disposition des temps, mais encore de la ressemblance, cet avènement spirituel se trouve occuper le milieu entre les deux avènements corporels, il est entre eux comme une sorte de méditation qui lient de l'un et de l'autre. Le premier est humble et caché, le second éclatant et admirable. Celui-ci est caché et admirable en même temps. Je l'appelle caché, non qu'il soit ignoré de celui en qui il arrive, mais parce qu'il s'opère secrètement en lui. Aussi cette âme s'écrie-t-elle avec transport en se glorifiant : «Mon secret est à moi, mon secret est à moi » (Is 24,16). Même celui en qui il s'effectue ne peut le voir avant qu'il ait lieu selon ce que le bienheureux Job disait de lui-même : « S'il vient à moi je ne l'apercevrai pas. S'il se retire, je n'y prendrai pas garde (Job 9,11). » On ne le voit pas venir, on ne le sent pas se retirer, cet être divin, qui par sa présence est la lumière de l'âme et de l'intelligence et par qui on voit l'invisible et on comprend celui que la pensée ne peut saisir. Du reste, combien admirable est cet avènement du Seigneur, bien que caché, avec quel doux et bienheureux saisissement il ravit et suspend l'âme qui le contemple, comme il fait que tout l'homme intérieur s'écrie : Seigneur, qui est semblable à Toi ? Ceux qui en ont fait l'expérience le savent, mais plût au ciel que ceux qui n'ont rien éprouvé de pareil désirent partager ce bonheur, pourvu néanmoins que ce ne soit pas une curiosité téméraire qui les porte à scruter la majesté de Dieu qui les écraserait du poids de sa gloire, mais une tendre charité qui les fasse soupirer après le bien-aimé pour être accueillis par sa grâce. Car le Seigneur jette les yeux sur ceux qui sont doux, il humilie les pécheurs jusqu'à terre (Ps 146,6). Il résiste aux superbes, et il donne sa grâce aux humbles » (Jc, 4,6). Ainsi donc le premier avènement ayant été un mystère de grâce, comme le second sera un mystère de gloire, celui qui tient le milieu sera un mystère de grâce et d'amour à la fois, par la grâce qui nous console, il nous y est donné de goûter, en quelque façon, la gloire à venir. Si, dans le premier, le Dieu de majesté s'est montré méprisable, et si, dans le dernier, il doit se montrer terrible, dans celui qui tient le milieu, il se montre en même temps admirable et aimable, en sorte que la teinte de bonté qui le rend aimable ne l'expose pas au mépris, mais lui attire l'admiration; que la magnificence de la gloire qui le rend admirable ne soit pas une cause de terreur, niais plutôt de consolation. C'est du premier que le prophète disait : « Nous l'avons aperçu, il n'avait ni apparence ni beauté, aussi nous ne l'avons nullement remarqué » (Is 53,3). Le même juste s'écrie avec étonnement à la vue du second : « Et qui se tiendra debout pour le voir ? " L'Apôtre a dit de l'autre : « En contemplant la gloire du Seigneur nous sommes transfigurés dans la même image et nous allons de gloire en gloire, comme transportés par l'esprit du Seigneur » (2 Co 3,18). Mystère étonnant et aimable ! Dieu qui est amour pénètre les sentiments de celui qui l'aime. Lorsque l'Époux embrasse l'Épouse dans l'unité de l'esprit il se trouve changé en sa ressemblance et contemple en elle, comme dans un miroir, la gloire du Seigneur. Bienheureux ceux à qui leur ardente charité a déjà obtenu cette distinction ! Mais bienheureux également ceux dont la sainte simplicité peut aussi espérer l'obtenir. Les uns trouvent dans le fruit de leur amour, la consolation de leur fatigue, les autres avec d'autant plus de mérite peut-être qu'ils ont moins de joie, car ils portent le poids de la chaleur et du jour, attendent l'avènement de la récompense. Nous donc, mes frères, que ne console pas encore une expérience si relevée, que du moins une foi assurée, une conscience pure nous consolent et nous rendent patients jusques à l'arrivée du Seigneur. Que ces sentiments nous fassent dire avec saint Paul avec autant de satisfaction que de fidélité : « Je sais à qui je me suis confié et je suis certain qu'il est assez puissant pour conserver mon dépôt, jusqu'à ce jour » (2 Tim 1,12) c'est-à-dire jusqu'à l'avènement de la gloire du grand Dieu et Sauveur Jésus Christ, à qui soit la gloire dans tous les siècles. Amen.

Traduction par les abbés Dion et Charpentier
In : Oeuvres complètes de saint Bernard, tome VII, p. 333-337 - 1867
OCR Tamié 2014

mardi 10 décembre 2024

Origène, + 253, Il tient la pelle à vanner

 3ème dimanche du temps de l'avent

Evangile de Jésus Christ selon saint Luc  3,10-18

Les foules qui venaient se faire baptiser par Jean lui demandaient : "Que devons-nous faire ?" Jean leur répondait : "Celui qui a deux vêtements, qu'il partage avec celui qui n'en a pas; et celui qui a de quoi manger, qu'il fasse de même ! "





Le baptême par lequel Jésus baptise est dans l'Esprit Saint et dans le feu, Lc 3,17. Si tu es saint, tu seras baptisé dans l'Esprit Saint; si tu es pécheur, tu seras plongé dans le feu. Le même baptême deviendra condamnation et feu pour les pécheurs indignes; mais les saints, ceux qui se convertissent au Seigneur avec une foi entière, recevront la grâce du Saint-Esprit et le salut.

Donc, celui qui est dit baptiser dans l'Esprit Saint et dans le feu tient la pelle à vanner et va nettoyer son aire à battre le blé ; il amassera le grain dans son grenier ; quant à la paille, il la brûlera au feu qui ne s'éteint pas, Lc 3,17-18. Je voudrais découvrir pour quel motif notre Seigneur tient la pelle à vanner, et par q uel souffle la paille légère est emportée ça et là, tandis que le blé, plus lourd, s'accumule en un seul lieu, car, si le vent ne souffle pas, on ne peut séparer le blé de la paille.

Je crois que le vent doit s'entendre des tentations qui, dans la masse mélangée des croyants, révèlent que les uns sont de la paille, les autres, du froment. Car, lorsque votre âme a été dominée par une tentation, ce n'est pas la tentation qui l'a changée en paille, mais c'est parce que vous étiez de la paille, c'est-à-dire des hommes légers et sans foi, que la tentation a dévoilé votre nature cachée. En revanche, quand vous affrontez courageusement les tentations, ce n'est pas la tentation qui vous rend fidèles et constants; elle révèle seulement les vertus de constance et de courage qui étaient en vous, mais de façon cachée. Penses-tu, dit le Seigneur, que j'avais un autre but, en parlant ainsi, que de faire apparaître ta justice, Jb 40,3 LXX)? Et il dit ailleurs : Je t'ai affligé et je t'ai fait sentir la faim pour manifester ce que tu avais dans le cœur, Dt 8,3-5.

De la même manière, la tempête ne rend pas solide l'édifice bâti sur le sable, Mt, 7,24-25. Mais, si tu veux bâtir, que ce soit sur la pierre. Alors, quand la tempête se lèvera, elle ne renversera pas ce qui est fondé sur la pierre ; mais pour ce qui vacille sur le sable, elle montre aussitôt que ses fondations ne valent rien. Aussi, avant que s'élève la tempête, que se déchaînent les rafales de vent, que débordent les torrents, tandis que tout demeure encore en silence, tournons toute notre attention sur le fondement de l'édifice, construisons notre demeure avec les pierres variées et solides des commandements de Dieu; quand la persécution se déchaînera et qu'une cruelle tourmente s'élèvera contre les chrétiens, nous pourrons montrer que notre édifice est fondé sur la pierre, le Christ Jésus.

Mais si quelqu'un le renie - que ce malheur nous soit épargné ! - qu'il le sache bien: ce n'est pas au moment où son reniement est devenu visible qu'il a renié le Christ ; il portait en lui des semences et des racines de reniement déjà anciennes; mais c'est plus tard qu'on a découvert ce qu'il portait et qui, alors, devenait public.

Aussi, prions le Seigneur pour que nous soyons un édifice solide, qu'aucune tempête ne peut renverser, parce que fondé sur la pierre, sur notre Seigneur Jésus Christ, à qui appartiennent la gloire et la puissance pour les siècles des siècles. Amen.

 Homélies sur saint Luc, 26, 3-5; SC 87, 340-342.

Clerus, homéliaire.

jeudi 5 décembre 2024

Origène + 253, Prépare votre coeur

 2e dimanche de l'avent C

Saint Luc 3,1-6

 
L'an quinze du règne de l'empereur Tibère, 

Ponce Pilate étant gouverneur de Judée, 

Hérode, prince de Galilée, son frère 

Philippe, prince du pays d'Iturée et de Traconitide, 

Lysanias, prince d'Abilène, 

les grands prêtres étant Anne et Caïphe, 

la parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, fils de Zacharie.


La parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, fils de Zacharie, et il parcourait toute la région du Jourdain, Lc 3,2-3. Ce sont évidemment ces lieux proches du Jourdain que Jean devait parcourir : ainsi celui qui voulait faire pénitence pourrait facilement être plongé dans l'eau.

Le nom de "Jourdain" signifie : "celui qui descend." Le fleuve de Dieu "qui descend" avec la puissance d'un flot abondant, c'est le Sauveur, notre Seigneur, en qui nous sommes baptisés dans l'eau véritable, dans l'eau du salut.

Jean Baptiste prêche un baptême pour le pardon des péchés, Lc 3,4 : "Venez, catéchumènes, faites pénitence afin de recevoir le baptême pour le pardon des péchés. Il reçoit ce baptême pour le pardon des péchés, celui qui cesse d'en commettre. Mais celui qui vient au baptême en demeurant dans le péché, ses péchés ne lui sont pas pardonnes. Ainsi, je vous en conjure, ne venez pas au baptême sans réflexion et examen attentif: donnez d'abord des fruits qui expriment votre conversion, Lc 3,8. Ayez pendant quelque temps une conduite honorable, gardez-vous purs de toutes les souillures et de tous les vices, et vous recevrez le pardon de vos péchés quand vous aurez commencé vous-mêmes à mépriser vos propres péchés. Quittez ces fautes, et l'on vous en tiendra quittes.

La citation de l'Ancien Testament, qui est alléguée ensuite, se lit chez le prophète Isaïe: Voix de celui qui crie dans le désert: Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers, Is 40,3. Quel chemin allons-nous préparer pour le Seigneur ? Un chemin matériel ? Mais la Parole de Dieu suit-elle un pareil chemin ? Ou faut-il préparer au Seigneur une route intérieure, et ménager dans notre coeur des sentiers droits et unis ? Tel est le chemin par lequel est entré le Verbe de Dieu qui s'installe dans le coeur humain, capable de l'accueillir.

Il est grand le coeur de l'homme, il est spacieux et hospitalier, pourvu qu'il soit pur. Voulez-vous connaître son ampleur et sa largeur ? Voyez quelle abondance de connaissances divines il peut embrasser ! Il le dit lui-même: Il m'a donné une connaissance exacte du réel. Il m'a appris la structure de l'univers et l'activité des éléments, le commencement, la fin et le milieu des temps, les alternances des solstices et les changements de saisons, les cycles de l'année et les positions des astres, les natures des animaux et les humeurs des bêtes sauvages, les impulsions violentes des esprits et les pensées des hommes, les variétés des plantes et les vertus des racines, Sg 7,17-23. Vous voyez qu'il n'est pas petit, le coeur des hommes, pour embrasser tant de choses! Entendez cette grandeur non de ses dimensions physiques, mais de la puissance de sa pensée, capable d'embrasser une aussi grande connaissance de la vérité.

Pour amener tous les gens simples à reconnaître la grandeur du coeur humain, j'apporterai quelques exemples familiers. Toutes les villes que nous avons traversées, nous les gardons dans notre esprit : leurs caractéristiques, la situation des places, des remparts et des édifices demeurent dans notre coeur. Le chemin que nous avons parcouru, nous le conservons dessiné et inscrit dans notre mémoire; la mer où nous avons navigué, nous la contenons dans notre pensée silencieuse. Je le répète, il n'est pas petit le coeur qui peut embrasser tant de choses ! Et s'il n'est pas petit pour embrasser tant de choses, on peut bien y préparer le chemin du Seigneur et rendre droit son sentier, pour que puisse y marcher celui qui est la Parole et la Sagesse. Préparez le chemin du Seigneur par une conduite honorable, par des oeuvres excellentes; aplanissez le sentier afin que le Verbe de Dieu marche en vous sans rencontrer d'obstacle et vous donne la connaissance de ses mystères et de son avènement, lui à qui appartiennent la gloire et la puissance pour les siècles des siècles. Amen, 1 P 4,11.

Clerus homéliaires